Voir Naples (et éviter de mourir)

À l’heure où j’écris ces lignes, c’est-à-dire samedi après-midi, je viens de rentrer de quelques jours de vacances à Naples avec toute ma famille (on était quatre). Enfin, quand je dis “Naples”, il faut comprendre “la région de Naples”, parce que finalement, on n’est pas resté très longtemps dans la ville elle-même. Et, compte-tenu des circonstances, c’est probablement une bonne chose.

Il faut voir que, pour le Suisse (très) moyen dans mon genre, un simple séjour de trois jours peut assez rapidement tourner à l’urgence médicale, surtout quand on a une archéologue comme épouse ou des idées saugrenues, comme “tiens, si on allait à la plage”. Ça, ou alors je me fais vieux; heureusement que j’ai souscrit une assurance de rapatriement sanitaire.

Je commence à croire que l’Italie du Sud a beaucoup de points communs avec l’Australie, notamment sur le climat (très chaud, très sec) et sur la létalité potentielle de l’environnement; les autochtones, sans être particulièrement méchants, me semblent cependant moins accueillants, dans l’ensemble.

La première chose qui saute aux yeux – littéralement, si on n’a pas de chance – c’est la manière de conduire des Napolitains. On entre dans une zone où la signalisation routière revêt un aspect facultatif, voire décoratif (pour reprendre l’expression d’un ami natif d’Alexandrie, en Égypte). Ajoutez une tendance à la conduite sportive et un environnement fait de routes de montagnes et vous avez là une recette pour teindre les cheveux en blanc.

Le plus surprenant, c’est que, même si on croise souvent des véhicules qui ressemblent à des compressions de César sur roues, il semble ne pas y avoir tant d’accidents graves que ça, y compris lorsque des piétons font leur footing, de nuit, en courant à côté du trottoir. Ou alors il y a un dieu pour les inconscients et il habite pas loin de Naples (autre hypothèse: ils cachent très bien les cadavres).

Dans le genre “piège mortel”, il y a aussi les ruines romaines. Bon, j’exagère un peu, d’une part parce qu’on n’en a visité que deux et, d’autre part, parce que personne n’est mort (à part les muscles de mes mollets). Mais les deux en question sont Pompéi et Herculanum et ils sont, d’une part, gigantesques et, d’autre part, moyennement carrossables. Crapahuter dans ces conditions demande de la santé et de très bonnes chaussures.

Vous vous rappelez que j’avais dit qu’il fait chaud? On a eu des températures autour des 30°C et, malgré tout, devinez qui a réussi à choper une crève le deuxième jour? Je hais l’air conditionné avec l’intensité d’un millier de soleils. Autant dire que se retrouver avec un mal de gorge et le nez qui coule en plus des crampes et autres bobos aux papattes n’aide pas vraiment à garder l’esprit serein et à apprécier le paysage.

Ce qui me vexe particulièrement, c’est que c’est la deuxième fois que je viens à Naples et la deuxième fois que je me tape la visite du Musée archéologique de la ville (où sont entreposées certaines des plus belles pièces découvertes dans la région) dans un état de déliquescence avancée. La fois précédente, c’était après un vol depuis Athènes, avec trop d’heures de marche et pas assez de sommeil. À ce stade, ce n’est plus du débol, c’est de la malédiction.

Enfin, il y a les escapades touristiques et les guides du même métal. Lorsque le guide (dont le nom rime avec Daily Planet) vous dit “là-bas il y a une plage sympa, au milieu des ruines d’une villa romaine”, il se garde bien de vous dire qu’on y accède après plus d’un quart d’heure de marche en descente raide, des escaliers conçus pour des gens qui font de la varappe, une passerelle branlante et que la plage en question se compose de rochers.

Mais bon, je râle parce que c’est dans mon ADN de (résident) Genevois et parce que ça fait de meilleures histoires qu’une carte postale “ici il fait beau, bisous”. Mis à part ce malheureux problème d’air con(ditionné), l’hôtel était très agréable, avec une magnifique vue depuis la terrasse et un service impeccable. Même si je les connaissais déjà, les sites archéologiques sont très impressionnants (surtout avec une guide qui les connaît comme sa poche) et le dépaysement garanti.

Et je crois que je n’ai même pas pris de coups de soleil, c’est dire.

Pour ceux qui veulent se taper le diaporama, j’ai mis quelques photos sur Flickr; ce n’est pas du grand art, car prises avec le téléphone, mais ça reste raisonnable.

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