Yoso: Elements

Comment vendre un disque? Facile: mettez des pointures de groupes mythiques ensemble et faites leur faire un album. Rajoutez une pochette qui repompe l’air de rien certains éléments graphiques de ces mêmes groupes et balancez le tout à grand renforts de pub. C’est la recette Yoso, dont l’album Elements vient de sortir.

On va simplifier: Yoso, c’est des bouts de Yes avec des bouts de Toto et quelques autres musiciens pour remplir les trous. Bon, quand on dit “musiciens de Yes et de Toto”, faut pas se leurrer: les Lukather et autres Howe étant occupés à plus intéressant (ou morts), on a droit à des seconds couteaux: Tony Kaye, Billy Sherwood et Bobby Kimball. Tout ce petit monde a surtout été actif au cours des années 1980, il ne faut donc pas s’étonner si l’ensemble à un fort fumet de style-genre. C’est un supergroupe dans la grande tradition des Asia, GTR ou UK de l’époque.

Faut pas rêver non plus: si l’étiquette “rock progressif” est généreusement appliquée sur l’ensemble, on est bien plus proche du rock mélodique de Toto que des concepts kilométriques façon “Tales of the Topographic Oceans”. Yoso, c’est du rock calibré pour les radios, du hit à la chaîne, une musique profilée dans l’équivalent marketing d’une soufflerie: pénétration optimisée dans les cerveaux disponibles. L’originalité aurait bien voulu être de la partie, on l’a remerciée et on lui a dit qu’on lui écrirait.

Histoire de mettre une couche supplémentaire et de jouer à fond sur le côté nostalgie, l’album vient également avec un second CD d’enregistrements publics du groupe qui, hormis une poignée de ses propres morceaux, joue surtout du Yes et du Toto. Vicieux, hein? Le problème est que, déjà que le premier CD frôle par moments l’anecdotique sacchariné, la version live nous rappelle que, s’il faut jouer du Yes ou du Toto, mieux vaut s’appeler Yes ou Toto. Pas Yoso.

Malgré tout, le côté piège vicieux d’Elements est que, malgré tout, ce n’est pas un mauvais album. OK, il a des moments où le manque d’inspiration est tel qu’on a envie de le mettre sous poumon artificiel, mais sortent du lot quelques pistes comme “Yoso” ou “Come This Far” qui, presque à mon ouïe défendante, me donnent envie d’y croire. Mais au final, je ne suis quand même pas loin de regretter mes trente piastres.

Moralité: faut pas jouer avec l’étiquette “rock progressif” quand on n’assure pas derrière: ça génère des attentes, puis des aigreurs.

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