Saille: Irreversible Decay

Si même les Belges se mettent au black-métal mélodique, où va-t-on? En fait, on va vers de bonnes nouvelles, car Irreversible Decay, premier album de Saille, sans révolutionner le genre, est plutôt bien fait. Le sextet sait jouer sur les contrastes, entre les beuglantes et les guitares hystériques du black métal et les parties beaucoup plus mélodiques, avec guitares acoustiques et violons; personnellement, mon cœur de prog-head penche plus vers les secondes que les premières.

Au reste, il ne faut pas très longtemps pour comprendre le style: l’intro “Nomen” suivie de “Passages of the Nemesis” suffit pour poser l’ambiance: la subtilité mélodique est là pour renforcer le bourrinisme métaleux, et vice versa. Les parties métal bénéficiant d’ailleurs d’un accompagnement au clavier très aérien qui apporte une touche de légèreté à l’ensemble.

Si l’ensemble de l’album n’apporte pas grand-chose de nouveau au genre – ou, à tout le moins, ce que j’en connais – certains morceaux (comme “Plaigh Allais”) ont une construction passablement alambiquée, à la limite du progressif, alternant en moins de cinq minutes des ambiances diverses dans un tout surprenamment cohérent. On notera aussi “The Orion Prophecy” avec ses chœurs sépulcraux ou l’ambiance médiévalo-malsaine de “Maere”.

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Aucan au Romandie de Lausanne

Le groupe italien Aucan, c’est un peu Jekyll et Hyde : on les attend math-rock, les voici dubstep, on les croit électro aux albums qui baffent un peu et on les trouve électro qui baffe énormément en concert. C’est, en très gros et en très résumé, le bilan que je tire de leur prestation au Romandie de Lausanne, hier.

Eh oui, car votre tonton Alias ne craint pas le poids des ans et enchaîne festival majeur et concert de musique qui poutre dans la même semaine – sans oublier la Fête du Jeu samedi prochain à Saxon, mais je vous en reparlerai (genre, dimanche). Ça se paiera, mais baste : je suis en vacances, je fais ce que je veux d’abord !

Donc Aucan. C’est juste la deuxième fois en autant d’années que j’assiste à la prestation live de ce trio d’excités – la précédente étant au Queen Kong Club de Neuchâtel – et, malgré le fait que leur dubstep électronique remuant n’est pas exactement ma musique de prédilection, je ne m’en lasse pas. Cette fois, j’avais même emmené la fine équipe de 2 dés sans faces dans mon sillage, prétextant la fin du projet Nobilis 3 (je vous en reparlerai aussi ; ce fut épique).

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Seventh Harmonic / Keltia / Monica Richards / Corvus Corax à Trolls & Légendes

Dernier jour de Trolls & Légendes, dernière fournée de concerts. Cette fois-ci, histoire de changer, j’ai réussi à voir le débuts de la plupart des groupes, mais c’est la fin que j’ai ratée. Sciemment, je précise: non que les groupes étaient mauvais, mais qu’ils ne m’inspiraient pas tant que ça. Par exemple, les Britanniques de Seventh Harmonic, avec leur folk planant: sympa, mais ça ne bouge pas beaucoup. Les Belges de Keltia, par contre, proposaient un pagan-folk plus animé, notamment grâce au renfort de leurs congénères d’IlianA, mais sans plus (cela dit, mes félicitations au violoniste pour la demande en mariage; pour la petite histoire, elle a dit oui).

L’arrivée sur scène de Monica Richards, chanteuse de Faith and the Muse et égérie gothique, a été l’occasion d’un moment particulièrement conceptuel, avec une musique calquée sur un film projeté en même temps. Le genre de film muet que l’on projette pendant un concert gothique, c’est dire si c’est conceptuel! C’est un petit peu du Dead Can Dance, en encore plus obscur, mais avec une danseuse; pas que ça rende l’ensemble moins obscur, mais ça agrémente.

Autant dire par contre que c’est le dernier groupe, tête d’affiche du festival, qui était largement le plus attendu: Corvus Corax, le groupe qui fait du rock avec de la musique médiévale. Déjà, le truc qui change par rapport aux trois précédents groupes, c’est qu’on avait pour une fois pas l’impression d’entendre des instruments qui n’étaient pas sur scène: fi des samples et autres éléments pré-enregistrés, Corvus Corax ne cache rien. En tous cas, certains des membres du groupe eux-mêmes ne cachaient pas grand-chose…

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IlianA / L’Effet Défée / Faun à Trolls et Légendes

S’il y a bien un gros défaut à Trolls & Légendes – non, je ne vais encore dire du mal de la régie son – c’est bien le fait qu’au moment où les concerts commencent, le salon lui-même n’est pas terminé. Du coup, j’ai raté la première partie du premier concert, IlianA; pour être plus précis, je n’ai pu voir que les deux derniers morceaux. C’est un peu la lose, d’autant plus que c’est un groupe de pagan-folk belge fort sympathique, qui implique deux membres ou ex-membres d’Omnia, l’ancien batteur Mitch, ainsi que Luka, le géant joueur de didgeridoo à coulisse.

Et d’ailleurs, en allant manger, j’ai également raté le début de L’Effet Défée; j’avais entendu parler de ce groupe dans un numéro de Prog-Résiste, qui en parlait en termes dithyrambiques. Je comprends pourquoi, mais je comprend également pourquoi la plupart des spectateurs autour de moi étaient, pour dire le moins, interloqués. C’est bizarre. C’est très bizarre. C’est très, très bizarre. Enfin bon, vous voyez le genre – ou pas, c’est normal.

Parce que L’Effet Défée, c’est une sorte de croisement ultrabâtard entre Bel Canto et Magma: un rock-folk dominé par la voix exceptionnelle de Maude Trutet, mais complètement déconstruit et partant réellement dans tous les sens. Ajoutez à ce groupe une harpiste de combat, un bassiste secoué et un batteur fou, vous avez un groupe sérieusement déstabilisant, qui est aussi intéressant qu’horripilant.

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Borrachoz / Dunkelschön / Naheulband à Trolls & Légendes 2011

Bon, autant dire qu’écrire un compte-rendu du concert d’hier soir à huit heures du matin, c’est un peu une gageure. J’ai un peu dans l’idée que si mes allergies semblent vouloir me foutre la paix cette année, je risque plus des babioles comme l’épuisement physique, l’infarctus des pieds ou le coma éthylique. En même temps, j’étais prévenu.

Ce que j’avais par contre totalement zappé, c’est que le festival ne commençait officiellement que le soir du vendredi, ce qui fait que j’ai passé à peu près toute la journée à errer dans les rues de Mons, de bars en bars (et autant dire que, si j’avais dû faire tous ceux de la Grand-Place, j’y serais encore).

Mais le soir, c’est place aux concerts et c’est Borrachoz, un groupe belge au nom bien de chez nous qui ouvre le bal. Et quand je parle de bal, ce n’est pas une image: les concerts de Troll & Légendes, ça tient beaucoup du bal masqué pour ce qui est de l’apparence du public et la musique folko-celtoïde font que ledit public manifeste une envie spontanée d’agiter ses pseudopodes en rythme (même si le rythme en question n’est pas toujours celui de la musique jouée).

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Heretoir

Dans notre série “le black métal mène à tout à condition d’en sortir”, le groupe allemand Heretoir vient de sortir un album éponyme qui navigue dans les mêmes eaux ambiantes et mélodiques que des groupes tels qu’Alcest ou Les Discrets. Ce qui signifie que, techniquement, ils n’en sont pas vraiment sortis – du black métal, donc – même s’il s’agit d’une musique qui cherche plus les atmosphères tourmentées que les avalanches de guitares.

Rassurez-vous, il y en a encore et il ne faut pas attendre très longtemps pour les entendre: dès “Fatigue”, le deuxième morceau de l’album, on sent l’héritage qui remonte, entre le mur de guitares (qui rappelle un peu les productions post-métal) et les hurlements torturés qui se superposent aux vocaux en clair. C’est brutal, mais c’est beau; si Heretoir veut nous raconter une histoire, je doute qu’elle contienne beaucoup de licornes et d’arcs-en-ciel. Ou alors des licornes mortes. Ou mort-vivantes. Enfin bon.

Au reste, il y a énormément de variété dans cette album – variété dans le sens “différents styles musicaux”, bien sûr. Au très métal “Fatigue” succède un “Retreat to Hibernate” qui commence acoustique avant d’être rejoint par les guitares électriques, tout en restant très mélodique, puis par le très court “0” qui contient une collision d’ambiances sonores faites de sons divers et d’extraits de dialogues, avant de retourner dans le métal avec “Weltschmerz”.

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Le féminisme est l’avenir de l’homme

Féminisme not dead ! C’est le sens de ce hors-série de Charlie-Hebdo, « Le féminisme est l’avenir de l’homme ». Si je chronique ici cet ouvrage, ce n’est pas seulement parce que je suis un sale slacktiviste crypo-gauchiste écolo-baba et végétarien-qui-s’ignore (superbement, d’ailleurs), mais également parce qu’il est l’occasion de remettre quelque peu les pendules à l’heure en ce qui concerne l’égalité hommes-femmes.

Attention, je dis « remettre les pendules à l’heure », mais pas forcément à l’heure juste, non plus : on parle de Charlie-Hebdo, un hebdomadaire de gauche bien à gauche qui a pour lui le mérite de ne pas s’en cacher. C’est aussi un journal qui, au delà de ses dessins à bases de bites et de fluides corporels très « cour de récré en primaire » (la couverture de ce hors-série, signée Catherine, est juste fabuleuse et truffée de détails tordants), a tendance à faire des articles de fond bien construits et plutôt solides.

Dans le cas présent, « Le féminisme est l’avenir de l’homme » propose 64 pages d’entretiens avec des femmes impliquées dans la lutte pour ce que l’on appelle à mon boulot la « justice de genre », ce qui est la manière plus acceptable de dire « l’égalité entre hommes et femmes ». Plus acceptable, parce que ces entretiens montrent le combat des femmes pour l’égalité des droits est souvent pensé dans un cadre plus large de luttes contre toutes les inégalités.

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Frost*: The Philadelphia Experiment

Il existe quelques sujets sur lesquels je perds toute prétention d’objectivité. OK: beaucoup de sujets. Parmi ceux-ci, le groupe de néo-prog britannique Frost*; n’attendez donc pas vraiment de point de vue neutre équilibré dans cet article sur The Philadelphia Experiment, double CD (+DVD) live de ce qui fut sans doute le meilleur groupe du genre ces cinq dernières années.

“Fut”, car Jem Godfrey, claviers et compositeur du groupe, a récemment annoncé qu’il mettait un terme au projet pour raisons personnelles. Ainsi, The Philadelphia Experiment est une sorte de feu d’artifice final pour la carrière météoritique de Frost*, couvrant les deux albums Milliontown et Experiment in Mass Appeal, plus quelques inédits pour faire bonne mesure.

Commençons par le mauvais côté de l’album: il n’est pour le moment disponible que via la boutique en ligne du groupe, certes pour un prix très raisonnable (£12), mais moi qui essaye d’éviter, autant que faire ce peut, d’acheter des vrais disques en silicium et plastique mort, je suis un peu déçu.

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Sons of Seasons: Magnisphyricon

L’âge, c’est quand on est persuadé d’avoir posté un billet sur un groupe et que, lorsque l’album suivant sort, on s’aperçoit qu’en fait non. Illustration par Magnisphyricon, nouvel album de Sons of Seasons, dont j’étais persuadé d’avoir chroniqué le God of Vermin l’année passée. Et pourtant, Sons of Seasons est un groupe qui a un peu tout pour me plaire, vu qu’il s’agit d’un projet impliquant Oliver Palotai, guitariste et claviers sévissant dans plusieurs groupes, dont Kamelot et Epica, et Simone Simmons, chanteuse du même Epica.

Ça fait du beau monde et, surtout, ça donne un métal à la hauteur de la rencontre, c’est-à-dire au sommet. Magnisphyricon est un album de métal progressif aux ambiances multiples: angoissantes, brutales, atmosphériques, mélancoliques, épiques et symphoniques. Rien que ça? Ben non, plus encore, en couleurs et en multiples exemplaires. Ce n’est pas exactement l’album de la demi-mesure, mais plutôt de l’ami démesure.

En fait, la clé de comparaison principale de cet album tient dans les deux noms précités: Kamelot, dont il hérite du métal symphonique tirant sur le prog et des vocaux masculins (“Bubonic Waltz” ou “Into the Void”), et Epica pour l’épique travaillé et les vocaux féminins (plutôt rares sur cet album, en fait). Mais ce serait une erreur de le résumer à cela: on trouve également dans ce Magnisphyricon des morceaux de pur métal progressif à la Pain of Salvation ou Evergrey, comme “Casus Belli I: Guilt’s Mirror”.

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Ménage à 3

Bon, faut que je vous explique. Déjà, le site du webcomic dont au sujet d’à propos duquel je veux vous cause ici s’appelle bien Menage a 3, en français – mais sans accents – dans le texte, même si les recueils rectifient la bienséance orthographique. Ensuite, c’est très sexe, donc à en pas regarder au boulot; on vous aura prévenu. Enfin, si j’ai découvert cette série, c’est via le blog de Grignak, que j’ai lui-même découvert via le blog d’Imaginos. Il y a plus simple; bienvenue sur Internet.

Donc, Ménage à 3 – puisque les deux graphies coexistent, je préfère mettre des accents – est un webcomic qui suit les aventures de Gary, un geek puceau de 29 ans (ça me rappelle quelque chose) qui vit en colocation avec une punkette bisexuelle surexcitée et une amazone blonde ultrapulmonée à la force herculéenne (et accessoirement québecoise, parlant un improbable sabir de français et d’anglais).

Le tout dans des pseudo-aventures à base de romance, de malentendus et de fluides corporels, paraissant trois fois par semaine. Rien que pour poser la chose, dans le tout premier épisode, Gary découvre que ses deux colocataires sont gays le jour où, en rentrant du travail, il les trouve en train de s’envoyer sur le canapé du salon.

Je ne vous parle pas le reste des personnages, mais pour résumer, un peu tout le monde est bi, obsédé, le plus souvent les deux ensemble avec quelques pincées de fétichisme et de névrose histoire de rendre les choses encore moins simples. Bien évidemment, tout le monde couche ou a couché avec (et/ou fantasme sur) tout le monde, à part peut-être le chat psychopathe.

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Ménage à 3

Ménage à 3

Fen & De Arma: Towards the Shores of the End

Je me suis fait avoir. Au départ, c’est le dernier album de Fen que je voulais acheter; trompé par la pochette, à peu près identique, j’ai pris ce split de Fen et De Arma, intitulé Towards the Shores of the End. Bon, j’aimerais bien que toutes mes erreurs se révèlent aussi positives que celle-là, car dans le genre black métal atmosphérique aux tendances post-rock, l’album est des plus agréables et contient quelques gemmes – forcément noires.

Fen est un groupe britannique, De Arma est suédois et, sur cet album, les deux groupes se succèdent dans une continuité de style qui rend difficile de savoir qui est qui. Pour la cohérence de l’album, c’est une bonne chose, pour l’originalité, je suis moins sûr. La musique n’est pas sans rappeler d’autres groupes du genre, comme Alcest ou Les Discrets, un métal plus porté sur les ambiances que sur les envolées nerveuses, même si ces dernières ne sont pas oubliées, comme le prouve “Soilbound” en intro.

À une exception près (l’instrumental acoustique “Bereft”), les sept morceaux tissent leurs ambiances sur six à neuf minutes; à ce rythme, les deux groupes ont le temps de poser des compositions complexes, souvent remarquables, où chants en clair et hurlements semi-hystériques alternent. Voir le morceau-titre, “Towards the Shores of the End”, un des meilleurs de l’album avec “Crimson Waters Ebbing the Shore” et “Noemata”.

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