Il y a parfois un gouffre entre les performances studio et scénique d’un groupe et, après avoir vu Anima Mundi en concert à Chambéry, je me suis demandé ce que valaient ses albums, à commencer par le dernier en date, I Me Myself.
Anima Mundi est un groupe cubain, qui fait un rock progressif dans la droite ligne du « progressif symphonique » de la grande époque – je parle des années septante, donc. Morceaux kilométriques, constructions alambiquées, instrumentaux foisonnants et maîtrise technique: tout y est.
À cet aune, I Me Myself est assez typique du genre: six pistes pour plus d’une heure, avec trois morceaux de plus de dix minutes divisés en trois ou quatre « actes ». Le plus court fait quatre minutes, le plus long dix-huit.
La grande force d’Anima Mundi, c’est d’avoir très bien intégré toutes les références du genre: un peu de Genesis pour les vocaux et les compositions, des claviers à la manière de Yes ou de ELP. La recette est éprouvée et, dans le cas présent, elle fonctionne à la perfection.
Le défaut, c’est que, dans la bagarre, Anima Mundi a quelque peu oublié l’ingrédient secret: la touche personnelle. Les musiciens sont tous très bons, les compositions à la hauteur et je ne peux pas dire honnêtement que I Me Myself est un album déplaisant, mais je n’y trouve rien qui me fait dire « Ah, ça c’est typique d’Anima Mundi! »
Pour tout dire, I Me and Myself aurait pu être composé et interprété par n’importe quel groupe de rétro-prog qui se lancerait dans le « à la manière de ». Ce qui me gêne un peu: je m’attends à un poil plus de personnalité chez un groupe qui a près de vingt ans d’expérience dans le milieu.
On pourra me dire que je suis mal tombé ou que je manque de points de comparaison, mais, en même temps que I Me Myself, j’ai également acheté – et écouté – le précédent CD, un concept-album appelé The Lamplighter, et Jagannath Orbit, qui date de 2008. Tous présentent les mêmes caractéristiques: un rock progressif soigné, de très bonne qualité et très agréable, mais presque standardisé.
Qu’on ne s’y trompe pas: Anima Mundi est un très bon groupe. J’ai passé un excellent moment en leur compagnie à Chambéry il y a dix jours et le plaisir de la découverte a été prolongé par l’écoute de leurs albums; je ne le regrette pas un seul instant. Ne serait-ce que les claviers somptueux de « Flowers » et de « Train to Future » valent largement le prix de l’album. Mais j’espérais mieux.
Si on aime le rock progressif dit « symphonique » (ou « dinosaurien »), directement inspiré des grandes heures du genre, I Me Myself est un excellent album, de même que les deux autres sus-cités. Il ne faut cependant pas s’attendre à quelque chose de furieusement original.
Bonus: un « sample » pas forcément très officiel de l’album.
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