Haken: Virus

On est toujours un peu seul au sommet. Je ne sais pas si c’est ce que se disent les membres d’Haken, mais en écoutant ce Virus, je me demande comment ils arrivent à gérer le fait que leurs derniers albums – depuis The Mountain, d’ailleurs – sont des sommets du prog.

Haken est un groupe britannique qui colle des baffes au petit monde du rock progressif depuis 2007. Virus – ou VIrus – est la sixième baffe du genre, un album qui se situe entre prog moderne et metal progressif avec une alchimie de plus en plus maîtrisée.

Avec un peu plus de cinquante minutes, Virus n’est pas un gros gabarit. Mais il compte, parmi ses onze pistes, deux epics: « Carousel », qui dépasse de peux les dix minutes, et surtout « Messiah Complex », divisé en cinq sections, pou un total de dix-sept minutes.

Surtout, Virus se veut à la fois une suite du précédent, Vector, et aussi la conclusion d’une narration entamée autour du personnage du « Cockroach King », dans l’album The Mountain. Et non, le titre est une coïncidence. En même temps, après Vector, on reste dans le thème.

Et musicalement, il ne fait d’ailleurs aucun doute que les deux albums sont la continuation l’un de l’autre. Le son de Virus est également très puissant, très metal et avec des touches de djent. De façon générale, c’est une galette incroyablement dense et intense; les moments de respiration sont rares.

Globalement, c’est aussi un album que j’ai trouvé plus homogène que Vector. Il n’y a pas de passage plus faible (mais pas vraiment de passage excellent, d’ailleurs) et j’y ai aussi distingué beaucoup moins de mélodies « à la manière de » qui m’avaient agacées.

Cela dit, le grand jeu est de retrouver les références cachées aux précédents. Références musicales, bien sûr, mais aussi dans les paroles. Je me doute n’en avoir trouvé que quelques-unes. Principalement parce que je n’écoute plus les albums de façon aussi attentive qu’il y a trente ans.

Je suppose que je ne surprendrais personne en disant que le groupe est au taquet, avec un Ross Jennings impérial. Par contre, je vais peut-être vous surprendre si je vous dis que Virus ne m’a pas soulevé d’enthousiasme.

Entendons-nous bien: c’est un excellent album, parmi les meilleurs de 2020. Mais j’attendais plus de Haken. C’est un peu ce que j’entendais dans mon introduction: le groupe est à son meilleur et Virus est au niveau de son prédécesseur. Sans surprise.

Et c’est ce qui me dérange, dans un coin de mon cerveau: à force d’attendre l’excellence, je suis déçu de n’avoir que du aussi bon qu’avant.

C’est bête, hein? Prog-snob, toussa.

Cela dit, vous avez le droit de ne pas être un vieukon et de vous ruer – si ce n’est déjà fait – sur Virus. Parce que Haken reste quand même une référence contemporaine majeure en ce qui concerne le rock progressif. Et j’ai beau piorner, je sais très bien que cet album sera dans le top de l’année.

Bonus: l’hallucinante vidéo de « Canary Yellow », et celle, hallucinée, de « Prosthetic », pour faire contraste

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3 réflexions au sujet de “Haken: Virus”

  1. Même avis de mon côté : c’est l’incontestable chef-d’œuvre attendu, mais dans les albums sortis ces derniers temps, je suis plus enthousiasmé par le dernier Pineapple Thief, à vrai dire. Par contre, ce qui est sympa avec Haken, c’est l’inclusion des instrumentaux : en les écoutant, on découvre des tas de détails qui sont masqués par la voix dans les versions normales. Belle critique, en tout cas !

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