Ghost à l’Usine

Ghost et moi, c’est l’histoire d’un coup de foudre: il y a six mois, je ne connaissais pas ce groupe suédois, qui propose une variante de hard-rock typé Californie 1974, mais avec des costumes absurdes et un fond de satanisme d’opérette. Et donc, hier soir, j’assiste à leur passage à l’Usine de Genève.

J’avoue que l’idée d’aller à un concert en semaine a une bonne tronche de mauvais plan, surtout quand on connaît l’agenda de folie que je me tape en ce mois de novembre. Ce à quoi moi intérieur de dix-sept ans dit « MAFOUT! » et fonce se coller à la barrière pour hurler avec les autres cinglés. J’aime bien mon moi intérieur de dix-sept ans.

Pour une fois, l’Usine est blindée de monde; il paraît qu’il y a encore des billets à vendre, mais honnêtement, je ne sais pas trop où on aurait mis les gens. Compte-tenu du fait que la plupart des concerts que je suis venu y voir ces derniers temps étaient, au mieux, à moitié plein, je trouve ça plutôt chouette.

Par contre, pour cause de retard à l’allumage administratif, je n’obtiens pas le passe photo que j’espérais; tant pis, j’en suis quitte pour poser mon sac avec tout mon matos photo au vestiaire (ce n’est pas ce soir que je pourrai tester mon nouveau 70-200 mm f2.8, snif!) et sortir le compact, en priant pour qu’il soit moins capricieux que pour Eluveitie.

À 20 h 30 tapantes, Dead Soul monte sur scène pour la première partie. C’est également un groupe suédois, qui propose un croisement entre blues, western et électro qui me rappelle furieusement le Wall of Voodoo de mes jeunes années.

Musicalement, j’aime bien: le mélange est très entraînant et musiciens se  débrouillent bien, mais sur scène, le groupe – qui n’est officiellement qu’un duo et qui a pour l’occasion emmené un guitariste invité dans ses bagages – se contente de bandes pour la partie rythmique, basse et batterie. Du coup, l’ensemble sonne très artificiel, ce qui gâche un peu l’ambiance. Mais j’ai quand même acheté leurs deux albums studio et je pense que je vous en reparlerai.

Le temps d’un rapide changement de scène, au son d’une musique liturgique et dans des ambiances d’encens, c’est au tour de Ghost de monter sur scène, à commencer par les cinq Goules Anonymes et, enfin, l’antipape Emeritus III, maquillage de crâne et tous attributs pontificaux dehors!

Il faut dire ce qui est: sur scène, c’est peut-être un chouïa kitschouille, mais ça en jette! Les Goules portent des costumes identiques, noirs brodés d’argent, avec guêtres et quelques breloques du même métal, et arborent toutes le même masque intégral, avec des fentes que pour les yeux; on n’ose imagine la chaleur, là-dessous.

Quant à l’ami Emmy, il passe toute la première partie du concert avec chasuble et mitre, s’équipant à l’occasion d’un encensoir – pour le cas où tous les esprits malveillants n’auraient pas encore succombé à un choc anaphylactique ou à une crise d’asthme. Puis, il se dépouille pour ne garder qu’un costume façon Empire, avec gilet et redingote.

Un peu tout le monde cabotine avec entrain et on mentionnera également le passage de deux « Sœurs du péché », venues distribuer la communion au premier rang. Oui, parce que tant qu’à faire dans le satanisme d’opérette, autant y aller plein pot!

Musicalement, le groupe consacre la plus grande partie de l’heure et quarante minutes de concert à son dernier album, Meliora – ce qui est assez heureux, vu que c’est le seul que je connais. Cela commence par « Spirit », hurlé en choeur par un public chaud-bouillant, puis « Pinnacle to the Pit » et, plus tard, « Devil Church », « Cirice », « Mummy Dust » et et « He Is » d’anthologie.

Pour couronner le tout, on a droit au public des grands soirs, celui qui chante et qui beugle comme tout un festival allemand et la technique est également au taquet, avec un son irréprochable, même quand on se retrouve comme moi au premier rang et tout à droite. Chapeau!

Franchement, ça faisait longtemps que je ne m’étais plus autant amusé pendant un concert. Probablement depuis la venue de NanowaR, même si c’était dans un autre registre. Ghost, c’est un peu comme Alice Cooper, mais en plus liturgique: du grand-guignol avec beaucoup de guitares.

Si vous avez l’occasion d’aller voir Ghost, ne les ratez pas: c’est un grand moment de rock’n’roll, avec un show carré, professionnel et pourtant hautement fun.

Galerie de photos en ligne, sur Flickr. Y’a du bon et du moins bon; le Sony RX100 II montre assez vite ses limites en basse lumière.

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2 réflexions au sujet de “Ghost à l’Usine”

  1. Ahaaaa ! Tu as craqué pour un 70-200 f/2.8 ! Dommage que tu n’aies pas pu l’essayer, mais tu verras, quelle que soit sa marque tu vas t’éclater. Et il y en a quelques-unes de très bonnes au portable, comme celle-ci: https://flic.kr/p/AGBUNx.
    Ca avait l’air bien sympa, tiens !

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    • Merci, mais celle-ci n’était pas prise avec un portable, mais avec un compact Sony RX100 II, qui est très bien tant qu’il y a assez de lumière. Si tu compares les photos entre Ghost et Dead Soul, c’est assez évident.

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