L’art du financement participatif, par l’exemple

C’est pas pour cafter, mais tout récemment, Psychée a lancé un financement participatif d’un type un peu particulier. Contrairement à la plupart des financements de ce genre, ce n’était pas pour une grosse somme (200€) et pas pour un produit fini, mais pour financer sa présence à Orc’idée – stand, impression de goodies, etc.

C’est intéressant à plus d’un titre. D’abord, parce qu’il a assez largement abouti. D’autre part, par sa nature “intangible”, en ce que ce n’était pas pour financer un produit, mais un déplacement. Ce qui m’a amusé, c’est que c’est une pratique que Lionel “Ploum” Dricot avait prévu dans son diptyque The Blogger from Tomorrow, publié il y a plus de deux ans.

C’est une pratique qui est plutôt intelligente et que je m’étonne de ne pas voir plus largement développée. Il y a aujourd’hui des outils qui permettent de faire des petits dons ponctuels de façon rapide et sécurisée: Le Pot Commun, utilisé par Psychée, mais aussi PayPal ou les cryptomonnaies, Bitcoin en tête (et les outils dérivés, comme ChangeTip).

Dans le cas présent, le succès de l’opération peut être attribué à plusieurs facteurs qui en font un cas d’école.

D’abord, et principalement, il y a le fait que Psychée est quelqu’un de connu – en tout cas dans certains cercles – et qui, de fait, a un certain nombre de fans prêts à l’aider, en cas de besoin. Je vous avais récemment parlé de la Deuxième Loi de Doctorow: être célèbre ne garantit pas la fortune, mais personne n’est jamais devenu riche en étant obscur; c’en est l’illustration.

En parlant d’illustration, Psychée a proposé un certain nombre de contreparties physiques – illustrations, livres dédicacés – ce qui a aussi eu un impact sur le niveau du financement. D’une part, ça a permis aux personnes qui avaient envie de lui acheter quelque chose de le faire avec un bonus de bonne conscience et, d’autre part, je pense que ça a eu un impact psychologique en montrant que ce n’était pas une simple demande de charité. Elle a néanmoins reçu plusieurs dons de personnes qui ne demandaient pas de contreparties.

L’autre point, c’est le côté transparent de l’opération. Une râlaison habituelle dans les projets de financement participatif, c’est la variante sur le thème “les auteurs qui partent aux Bahamas avec les sous des fans”. Personnellement, ça ne me choque pas tant, si c’est précisé dès le départ et je pense même que je pourrais être prêt à poser quelques sous si un auteur me dit “je pars aux Bahamas pour prendre des vacances, et aussi bosser sur mon article/bouquin/BD et je vous promets des exclus”. Bon, après, il/elle a intérêt à tenir parole.

Le financement participatif, c’est un outil. Beaucoup de gens semblent l’oublier: ce n’est pas une philosophie, même si l’idée derrière est de faciliter l’accès au financement, ce qui devrait plus profiter aux petites structures. Comme tous les outils, il n’appartient qu’à nous de construire des projets intéressants avec, sans être limités par des idées préconçues, mais en proposant des contreparties concrètes et en restant honnêtes et transparents dans la démarche.

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