Philippe Luttun: The Taste of Wormwood

Visiblement, Chernobyl est une influence marquante pour les artistes de rock progressif, avec notamment ce The Taste of Wormwood du multi-instrumentiste français Philippe Luttun, un concept-album sur la catastrophe elle-même (et un album solo de Steve Rothery, dont je vous parlerai plus tard).

Découvert grâce à Clair & Obscur – mais à peu près toute la progosphère francophone en a parlé – The Taste of Wormwood propose un rock progressif moderne, teinté de métal, de jazz et de blues et entrecoupé d’extraits de bande-son de l’époque, côté soviétique et occidental.

L’ensemble a l’air un peu hétéroclite sur le papier – et, soyons honnête, à l’écoute aussi, un peu – mais il est au service d’une narration d’autant plus poignante qu’elle se situe, pour beaucoup d’entre nous, dans un passé encore facilement accessible à nos mémoires. Ici, pas de chevaliers en armure ni de mondes fantastiques, juste un banal accident et une succession de pannes dans un complexe industriel comme beaucoup d’autres et, au final, des millions de vies impactées.

Alternance de morceaux courts et de longs tableaux, pour un total de plus d’une heure, The Taste of Wormwood s’inscrit comme une sorte de documentaire musical, non pas tant sur la catastrophe en elle-même, mais sur les personnes qui l’ont vécue, depuis les ouvriers de la centrale jusqu’à ses “liquidateurs”, en passant par les habitants de Prypiat.

Si, comme je l’ai dit, le résultat est parfois apparaît comme un peu hétéroclite à l’oreille, il ne faut pas s’y tromper: Philippe Luttun est un compositeur doué et, à l’opposé de plusieurs projets de ce genre, on n’a jamais l’impression d’écouter une compilation bizarroïde de deux ou trois groupes différents. L’album garde une forme de cohérence tout du long, entre instrumentaux et parties chantées par la chanteuse Pris’K.

Une fois ceci posé, je mentirais si je disais que je suis un fan intégral de cet album: certains passages, notamment les inclusions de sons de l’époque, sont un peu trop longs à mon goût. Mais ça n’empêche pas que l’album regorge de morceaux de bravoure, comme l’inquiétant “Reaktor #4” ou “On the Roof of Hell”.

En conclusion, The Taste of Wormwood est un album qui mérite qu’on s’y attarde et qui montre, de la part de Philippe Luttun, un réel talent pour la composition au service d’une narration. Les amateurs de rock progressif contemporain et d’ambiances où souffle le vent de l’Histoire (la vraie) devraient y trouver leur compte.

Bonus: le trailer de l’album. Pour aller plus loin, l’auteur propose également une série de clips, composé d’images d’archives, qui illustrent l’album dans son intégralité; on peut y accéder sur son site.

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