Quand la vie pirate l’art

Je suis en train de lire un des derniers bouquins de Cory Doctorow (il en a sortie une tralée ces derniers temps), Pirate Cinema. Je reviendrai dessus – très prochainement, il se lit vite –, mais c’est un roman “jeunes adultes” dans la lignée de son Little Brother, mais cette fois axé sur les questions de copyright et de piratage, situé dans un avenir moyennement proche (10-20 ans).

Le bouquin fourmille d’exemples de lois et de procédures, plus absurdes les unes que les autres, poussées par les industries des médias pour empêcher le piratage, allant jusqu’à envoyer en tôle des gosses de quinze ans. Quand je pose le bouquin, je me dis que c’est de la fiction, voire même que le Doctorow, il pousse la caricature un peu trop loin.

Et paf! Mes flux RSS me crachent des exemples encore plus absurdes! Et pas dans dix ans, non: des trucs qui se discutent aujourd’hui. Genre (via le même Doctorow sur BoingBoing) la Maison-Blanche qui annonce tout de go aux associations d’aveugles qu’à la suite de pression desdites industries, les USA voteront pour l’abolition d’un règlement international sur les exceptions de copyright pour les aveugles et les personnes handicapées.

Ou alors, révélée par le blog Errata Securitycette loi américaine obsolète qui rend la lecture des blogs illicite, avec un peu de mauvaise foi. Ou l’histoire de cet élève viré de son école pour avoir refusé de porter un badge équipé d’une puce RFID.

Je vous passe sur les choses plus ou moins habituelles, comme Facebook qui modifie encore ses conditions d’utilisation (maintenant, il faut Bac+7 au lieu de Bac+5 en droit commercial pour les comprendre) ou, dans une moindre mesure, Google qui s’essaye au LOLobbying avec une campagne faisant la promotion de l’Internet libre et ouvert (ça pourrait être pire: ça aurait pu venir de Facebook, de Microsoft ou même d’Apple).

Tout ceci pendant que la Quadrature du Net, une des organisations les plus actives dans le monde pour la vraie sauvegarde d’un Internet libre et ouvert, en est à se demander comment boucler son budget 2013 et lance un appel un peu désespéré aux dons.

De même que 1984 n’était pas censé être un mode d’emploi, je préférerais que Pirate Cinema ne devienne pas obsolète. Pas avant que j’ai fini de le lire, déjà…

(Image parue dans le New York Clipper du 3 novembre 1906 et donc techniquement dans le domaine public, via le blog “House of Commons” du Cyberspace Law and Policy Centre, University of New South Wales.)

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3 réflexions au sujet de “Quand la vie pirate l’art”

  1. Big brother is watching you. Et avec cette accumulation d’exemples (certains minimes mais en nombre considérable) de limitation de la liberté et de foutage de gueule commercial, je me demande où tout ça nous emmène.

    Moi je lis “La Zone du Dehors” de Damasio, et bien c’est criant d’actualité au niveau de la description de la société de contrôle. Je ne l’ai pas encore fini non plus, mais pour le moment le combat des personnages semble encore assez vain.

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