J’ai vérifié: ma première utilisation de Flattr remonte à août 2010. Trois ans, donc, que j’utilise cette plateforme de micropaiement: dans un premier temps uniquement pour des dons, puis, depuis février 2011, également comme source de revenus.

Bon, cassons d’office le suspens: en fait de source, c’est un bien mince filet d’eau, immédiatement capté en grande partie par mes propres dons: le bilan comptable de ces trois dernières années est de €170 donnés et €176 reçus. En moyenne, ça représente €0.32 par clic que je fais et €0.56 par clic que je reçois.

Pour ceux que cela amuse, je vous joins deux “jolis” graphiques de mon activité de ces trois années.

Dons Flattr août 2013
Recettes Flattr août 2013

Les revenus

Plus d’un tiers des revenus concerne le blog lui-même ou mon profil Flattr: presque €70 en tout, surtout pour le blog (€64 en 73 clics). Suivent le diptyque Je suis homophobe (huit clics, €5.92)/Je suis sexiste (sept clics, €6.52), puis Tous les créateurs devraient utiliser Flattr (dix clics, €4.65).

En regardant la liste des articles qui m’ont le plus rapporté, sans surprises, les plus “polémiques” – ou, à tout le moins, les articles d’opinion – sont assez largement en tête, surtout s’ils concernent des geekeries. Suivent les textes plus créatifs, ceux concernant Tigres Volants ou d’autres fictions. Puis viennent les chroniques de film ou littéraires (livres ou BD).

Le lecteur attentif notera que ce qui constitue quand même près de la moitié de mes billets, à savoir les chroniques musicales (si môssieur: le métal, c’est de la musique!), ne reçoivent que très peu de dons. Bon, de façon générale, ce ne sont pas non plus des billets qui reçoivent des tonnes de visites– largement moins que ceux précités.

Je soupçonne aussi que ceux qui écoutent du prog sont moins dans la mouvance geek en général et, du coup, moins intéressés par Flattr. Ce qui explique en partie pourquoi, malgré un lectorat fidèle et une fréquence de publication assez élevée, les recettes ne sont pas si élevées.

Abonnements

J’ai aussi assez peu de personnes abonnées, c’est-à-dire qui donnent un clic tous les mois: assez peu, comme dans “deux”, plus un ou deux “semi-réguliers” qui n’utilisent pas la fonctionnalité de l’abonnement, mais qui cliquent assez régulièrement. Par contraste, j’en ai une vingtaine, pour des blogs que je suis et des outils que j’utilise régulièrement.

Il semble que peu de gens utilisent ces abonnements, mais c’est peut-être aussi un signe que Flattr est un outil perçu comme “exceptionnel”: il faut quelque chose de fort pour que quelqu’un clique, ce n’est pas un simple moyen de payement comme un autre. Ou alors les utilisateurs préfèrent “garder le contrôle” sur leurs dépenses.

Dons

Pendant presque six mois, j’ai utilisé Flattr uniquement pour faire des dons, avant de me dire que, d’une part, il n’y avait pas de raison et, d’autre part, autant utiliser la technologie jusqu’au bout.

Dans un premier temps, je suis parti du principe que j’allais viser l’équilibre: donner autant que je reçois. Mais, au bout d’un moment, j’ai vu les recettes augmenter sensiblement. J’ai alors décidé que j’allais arrêter cette association artificielle dons/recettes et faire des dons significatifs, d’au moins €0.25 par clic.

Ce qui signifie que, depuis maintenant quelques mois, je me permets d’ajuster mes dons mensuels selon le nombre de clics que je fais: en général, c’est €10 ou €15 (Flattr n’est pas très granulaire). Si on regarde le graphique plus haut, on verra que le montant de mes dons a augmenté par plateaux, jusqu’à la décision d’il y a quelques mois.

Pognon et militantisme

Quelque part, je suis un utilisateur lambda de Flattr. Je n’ai pas un blog très visible, ni très influent (en moyenne, une grosse centaine de visiteurs uniques par jour, peut-être le double en comptant les flux RSS) et j’ai une activité en ligne qui est certes assez forte, mais pas exceptionnelle non plus.

Ceci posé, sur trois ans, Flattr me rapporte un peu moins de €60 par an. Si on y soustrait les quelques €50 annuels de dons, en moyenne, on arrive à six euros de bénéfice sur trois ans, ce qui représente une ou deux bouteilles de bière artisanale. C’est certes peu, mais ce n’est pas négligeable. Soixante euros, ça suffit par exemple pour payer un hébergement standard pour un site.

À cette somme, je pourrais rajouter les contributions venues de aFlattr, qui permet de toucher une partie de la commission d’affilié sur des achats sur Amazon, mais c’est encore assez faible, moins de €5 au total – et ça risque de le rester, vu qu’Amazon a décidé unilatéralement de supprimer le compte affilié de aFlattr.

Par rapport à la plupart des utilisateurs de Flattr qui viennent sur mon site, je pense que j’en ai un usage “militant”. Je vois Flattr comme une réelle alternative à la pub en ligne, que je déteste, et je cherche activement à rémunérer le contenu que j’aime. Et à le faire savoir.

Tout le monde aime gagner de l’argent, surtout si on a l’impression que ces dons sont liés à ce que l’on crée. C’est gratifiant. Flattr reste, à mon avis, un des meilleurs outils sur Internet pour arriver à ce but. Du point de vue du créateur, c’est très simple à mettre en place et ça ne coûte à peu près rien.

Du point de vue du donateur, c’est un peu plus compliqué. Si on veut utiliser les fonctions de clic automatique pour un “like”, soit via les nouveaux outils de Flattr ou en utilisant FlattrStar, ça nécessite de changer certaines de ses habitudes (pour ne “liker” que ce qu’on est prêt à récompenser par un flattr).

Compte tenu de la faible diffusion de l’outil, ça demande également une approche militante pour inciter ses contacts, lectures et amis à rejoindre le Mouvement. Plus il y aura de monde qui rejoindra Flattr, plus il y aura de contenu à flatter – et plus il y aura de personnes qui pourrait potentiellement flattrer le vôtre.

Conclusion (temporaire)

Trois ans, ça a l’air long, mais c’est à la fois peu pour ce qui est somme toute un (petit) changement de mentalité. C’est également très long pour un service basé sur Internet, où tout ce qui a plus de six mois à tendance à être considéré comme vintage par les médias.

J’espère que Flattr va finir par sérieusement décoller en tant qu’outil de micro-(voire de nano-)financement, mais, pour cela, il fait convaincre toujours plus de créateurs que Flattr, c’est le Bien.

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