L’usage du commun

Thierry Crouzet a publié récemment sur son blog un article très intéressant sur les licences Creative Commons et leur utilisation, intitulé Conditions opératives du Creative Commons.

Quand est-ce qu’une licence CC (Creative Commons) donne plus de chances à une œuvre qu’un copyright ? Chaque fois que je publie un texte long, je me demande sous quelle licence le faire.

Thierry Crouzet y soulève pas mal de points très intéressants, avec lesquels je ne suis pas toujours d’accord, mais qui mettent en lumière certaines limitations des Creative Commons. Surtout, il les regarde du point de vue d’un auteur publié – j’avais parlé de son feuilleton, One Minute.

Un des points les plus intéressants qu’il soulève, c’est la question de la communauté. En gros, une publication sous licence Creative Commons ne fait sens que si le créateur dispose d’une communauté qui est potentiellement prête à faire usage des libertés offertes par ladite licence.

Ça fait du sens. Je veux dire par là, l’idée des licences Creative Commons est de permettre précisément à l’œuvre d’être reprise par une communauté et, au final, grandir sous l’influence non plus de l’auteur seul, mais de tout un groupe de passionnés.

En théorie.

En pratique, je pense que les licences Creative Commons sont un peu plus que cela. C’est aussi un geste politique, un pari sur l’avenir: en publiant sous CC, j’essaye de jouer plus complètement le jeu de la publication – rendre public une création. C’est un peu de l’activisme au petit pied, à l’image de ma relation avec les logiciels libres, mais j’assume.

C’est vrai que j’aimerais bien que ce que je publie soit repris plus largement; je sais aussi que, quelque part, c’est quelque chose qui me fait un peu peur: j’ai un côté control freak que tous ceux qui ont participé à l’écriture de Tigres Volants, de près ou de loin, doivent bien connaître. Le jour où quelqu’un me prend au mot et se rebricole une version d’Erdorin à sa sauce, il y a des chances pour qu’une partie de moi-même se morde les doigts jusqu’aux phalanges.

Après, je suis un peu plus réservé sur ce qu’il dit des auteurs anonymes, notamment pour ce qui est de la promotion: fondamentalement, c’est le lot de toute personne qui s’auto-édite, qu’elle publie sous licence Creative Commons ou non.

Je rejoins cependant Thierry Crouzet sur le fait qu’il faut intéresser les éditeurs aux licences Creative Commons, qui ont un réel potentiel pour faciliter la diffusion des œuvres. Au reste, je suis persuadé que le travail d’un éditeur est, sinon indispensable, du moins important dans la vie d’un texte.

Donc, les Creative Commons, c’est un peu comme les antibiotiques: ce n’est pas automatique. Enfin, dans mon cas, si, mais disons que ça implique des effets secondaires et comme tout le monde ne peut pas s’appeler Cory Doctorow, ce n’est pas parce que c’est dispo gratuitement que ça va attirer les foules.

(Image: “The Caxton Celebration – William Caxton showing specimens of his printing to King Edward IV and his Queen”, domaine public, via Wikimedia Commons.)

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2 réflexions au sujet de “L’usage du commun”

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