Sois maudit, Cédric Ferrand! Que la malepeste te ronge la boyasse et que les ribaudes te caillasse la trogne jusqu’à ce que ça fasse de la mousse! À cause de toi et de ton roman Wastburg, j’ai lu de la fantasy et, non seulement je me sens sale en dedans, mais en plus, je me retrouve à jacter comme un malandrin de ta ville infernale!

Non, en fait, le pire, ce n’est pas tant que j’ai lu de la fantasy – de la vraie, de la médiévale, avec des épées et des murailles – pour la première fois depuis la fin du XXe siècle (ou peu s’en faut). Le pire, c’est que j’ai aimé ça.

Bon, il faut aussi que je vous explique, histoire de dissiper de fâcheux malentendus, que je connais Cédric depuis un moment. Je ne crois pas qu’on se soit jamais rencontré en chair (surtout) et en os (un peu) – encore que je soupçonne qu’on a dû se croiser à une CJDRA ou à une GenCon parisienne –, mais on se fréquente par forums rôlistes et blogs interposés, puisqu’il est un des deux corbaks de Hugin & Munin.

Une fois ceci posé, je me dois d’affirmer que, si j’affirme tout haut ici-bas que Wastburg est vraiment un bon bouquin, ce n’est pas par pur copinage – ou en tous cas pas pour Cédric lui-même, vu que l’envie m’est venue de le lire principalement parce qu’à peu près tout le monde m’a dit qu’il était au moins bien. Ah, et aussi parce que quelqu’un a mentionné San-Antonio dans les références. En littérature, San-A, c’est un peu ma kryptonite à moi: j’ai du mal à résister à un bouquin qui y est (favorablement) comparé.

Bref, Wastburg. Cité-état sise entre deux bras du delta d’un fleuve et deux nations qui se font la gueule depuis des lustres, avec son bas-peuple, ses marchands et ses maesters, qui dirigent la ville. Et, surtout, sa tour des majeers, symbole d’une déchéance inexplicable, appelée la Déglingue, lorsque la magie cessa de fonctionner.

En fait, c’est ça qui me plaît dans ce bouquin: c’est du médiéval-fantastique qui est parti en couille. On y parle de ce qui ne fonctionne pas: un monde où la magie est morte et où les hommes continuent à vivre, comme ils l’ont toujours fait. Ce n’est pas non plus dârque, façon “victoire du Seigneur du Mal” ou “apocalypse imminente”: il y avait de la magie, il n’y en a plus, la vie continue.

La vie, parlons-en: elle grouille. C’est très organique, comme bouquin; âmes sensibles, s’abstenir. Au reste, il vaut mieux ne pas s’attacher aux protagonistes: chaque chapitre est narré du point de vue d’un personnage différent et rares sont ceux qui finissent le bouquin en un seul morceau. Cela donne – paradoxalement – un côté très vivant au style et à la ville. En plus, un peu tout le monde truande, grenouille et magouille dans tous les sens.

Dire que Wastburg est une inspiration majeure pour tout jeu de rôle médiéval-fantastique est une évidence. Cédric a d’ailleurs bossé sur Nightprowler et est en train de développer un jeu basé sur l’univers de son bouquin. Je pourrais gratter un peu et trouver quelques éléments négatifs à dire dessus, mais ce serait de la mesquinerie; au reste, Wastburg est un livre qui m’a redonné espoir dans le med-fan et je crois que c’est sans doute la chose la plus positive à dire dessus.

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