Je ne lis pas souvent des traductions. Là, il se trouve que je cherchais quelque chose en petit format pour lire dans le bus et que je suis tombé, dans notre bibliothèque, sur La Tour de Babylone, un recueil de nouvelles de Ted Chiang que mon épouse avait acheté il y a quelques temps. Il est sorti en anglais en 2003 et en 2006 en version française (et 2010 pour l’édition poche que j’ai lue).

Ted Chiang est un auteur américain qui a surtout écrit des nouvelles – et encore, pas beaucoup. Le présent recueil, qui en compte huit, représente à peu près la moitié de son œuvre. Il est surtout connu pour avoir écrit la nouvelle Story of Your Life (L’Histoire de ta vie), qui a été adaptée au cinéma sous le titre Arrival.

Ma chère et tendre, qui est souvent bien plus perspicace que moi sur ce genre de choses, a noté que les huit nouvelles de La Tour de Babylone repose quasiment toutes sur la notion de changement de point de vue.

Ainsi, la première histoire, qui donne son nom au recueil, suit un groupe d’ouvriers miniers qui viennent à Babylone, sur le chantier de la fameuse tour qui doit permettre aux hommes d’atteindre Dieu. Car lorsque la tour atteint la voûte céleste, il faut creuser. L’histoire a un côté “antiquité-fantastique” couplé à un ton très terre-à-terre (paradoxalement) qui sont très bien trouvés.

Autre nouvelle-phare du recueil, qui donne son nom au titre anglais du recueil, L’Histoire de ta vie est raconté par une linguiste, qui se retrouve à établir une communication avec des extra-terrestres dans un langage qui va à jamais bouleverser sa vision des choses. J’ai été bluffé par cette histoire de communication extra-terrestre et par le retournement final.

Autre gros morceau, Soixante-douze lettres plonge le lecteur dans un univers proto-victorien où l’animation de golems cohabite avec la technologie et où la science vient de découvrir une menace terrifiante pour l’humanité. C’est aussi un excellent texte, mais qui est frustrant, car trop court. Il aurait pu donner lieu à un roman entier.

J’ai aussi bien aimé L’évolution de la science humaine, un texte très court, sous une forme quasi-documentaire, qui se situe dans un avenir où une évolution supérieure de l’humanité est à la pointe de toutes les avancées. Quelle place reste-t-il aux humains “normaux” dans un tel contexte?

Comprends suit un homme qui, après être sorti d’un coma irréversible grâce à un traitement-miracle, est devenue une sorte de surhomme aux capacités hallucinantes et qui se retrouve face à un semblable. L’idée est sympa, mais je n’ai pas vraiment croché à cette histoire.

J’ai eu aussi du mal avec Division par zéro, un texte qui parlera peut-être plus aux amateurs de mathématiques. Idem pour la dernière histoires, Aimer ce que l’on voit: un documentaire, qui explore les conséquences d’une technologie qui empêche les gens de voir la beauté dans les visages.

Enfin, je n’ai pas vraiment aimé L’Enfer, quand Dieu n’est pas présent, une sorte de fable satirique qui décrit un monde dans lequel les apparitions célestes sont courantes, mais aléatoires, comme leurs effets. En fait, c’est surtout le ton qui me gêne: il ne colle pas avec le reste du livre.

Ça fait quand même quatre textes que j’ai trouvés très bons, trois moins à mon goût et un dernier qui, sans être mauvais, m’a fait l’effet d’une pièce rapportée.

Dans l’ensemble, La Tour de Babylone est truffé d’idées impressionnantes, souvent très originales, et de réflexions solides sur la nature humaine. Comme il s’agit d’un recueil de nouvelles, il se lit plutôt vite. Léger dans la forme, mais profond.

D’autres avis chez Lorhkan, Des livres et les mots, L’épaule d’Orion, Lecture 42 et d’autres.

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