Finalement, si les résultats des votations fédérales de ce dimanche nous apprennent quelque chose, c’est bien une image actuelle de la Suisse: les Musulmans, c’est le Mal, les ventes d’armes, c’est Bien.

Autant dire que ce n’est pas exactement l’image que je me fais du pays dans lequel je vis – encore qu’on pourrait m’opposer que je vis à Genève et pas en Suisse, pas la même chose…

Ce n’est pas complètement faux, vu que Genève a voté contre l’initiative honteuse des populistes et n’a refusé le texte anti-exportation d’armes qu’avec la plus petite marge du pays. Encore que les récentes élections cantonales tempèrent méchamment ce point de vue. Pas de quoi se réjouir.

Passé un moment d’agacement qui a encore fait monté en moi l’envie de taper en lieu et place de ce billet une litanie de blasphèmes plus ou moins variés et fort visuels, je m’autorise un soupçon d’optimisme.

J’ai l’impression d’assister aux derniers feux d’un combat d’arrière-garde, une sorte de baroud d’honneur d’une Suisse renfermée sur elle-même. Je suis persuadé que l’UDC, malgré ses succès, n’est qu’un parti défensif et conservateur, incapable de se projeter dans l’avenir car ressassant le passé. Certes, c’est le premier parti de Suisse, mais je ne lui vois aucune chance d’influencer durablement le pays dans le long terme.

C’est le parti de la peur et rien de plus. Il ne cherche pas à construire quoi que ce soit, juste à conserver ce qu’il croit être “l’âme de la Suisse”, un jeu de valeurs arbitraires et immatérielles qui ont peut-être un sens pour les historiens, mais pas vraiment pour le pays dans son ensemble.

Au reste, si on regarde le texte de l’initiative, il ne dit rien d’autre que “La construction de minarets est interdite.” C’est tout. C’est juste une mesure symbolique, vexatoire et rien d’autre. Il y a mille et une manières de détourner ce texte, c’est juste un pied de nez mesquin à une population qui a le malheur d’être un peu trop visible au téléjournal.

Ce n’est pas exactement ce que j’appelle un signe de force.

(Image Jimlee via Flickr sous licence Creative Commons, partage dans les mêmes conditions.)

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