Le parti de la peur

Finalement, si les résultats des votations fédérales de ce dimanche nous apprennent quelque chose, c’est bien une image actuelle de la Suisse: les Musulmans, c’est le Mal, les ventes d’armes, c’est Bien.

Autant dire que ce n’est pas exactement l’image que je me fais du pays dans lequel je vis – encore qu’on pourrait m’opposer que je vis à Genève et pas en Suisse, pas la même chose…

Ce n’est pas complètement faux, vu que Genève a voté contre l’initiative honteuse des populistes et n’a refusé le texte anti-exportation d’armes qu’avec la plus petite marge du pays. Encore que les récentes élections cantonales tempèrent méchamment ce point de vue. Pas de quoi se réjouir.

Passé un moment d’agacement qui a encore fait monté en moi l’envie de taper en lieu et place de ce billet une litanie de blasphèmes plus ou moins variés et fort visuels, je m’autorise un soupçon d’optimisme.

J’ai l’impression d’assister aux derniers feux d’un combat d’arrière-garde, une sorte de baroud d’honneur d’une Suisse renfermée sur elle-même. Je suis persuadé que l’UDC, malgré ses succès, n’est qu’un parti défensif et conservateur, incapable de se projeter dans l’avenir car ressassant le passé. Certes, c’est le premier parti de Suisse, mais je ne lui vois aucune chance d’influencer durablement le pays dans le long terme.

C’est le parti de la peur et rien de plus. Il ne cherche pas à construire quoi que ce soit, juste à conserver ce qu’il croit être “l’âme de la Suisse”, un jeu de valeurs arbitraires et immatérielles qui ont peut-être un sens pour les historiens, mais pas vraiment pour le pays dans son ensemble.

Au reste, si on regarde le texte de l’initiative, il ne dit rien d’autre que “La construction de minarets est interdite.” C’est tout. C’est juste une mesure symbolique, vexatoire et rien d’autre. Il y a mille et une manières de détourner ce texte, c’est juste un pied de nez mesquin à une population qui a le malheur d’être un peu trop visible au téléjournal.

Ce n’est pas exactement ce que j’appelle un signe de force.

(Image Jimlee via Flickr sous licence Creative Commons, partage dans les mêmes conditions.)

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9 réflexions au sujet de “Le parti de la peur”

  1. Faudrait que je ressuscite mon blog histoire que je puisse abonder dans ton sens plus visiblement.

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    • j’ai entendu ça, mais je suis aussi assez tenté par dotclear, sauf que j’avais dit que je ferais comme tout le monde, ralala

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      • Alors pour ma part le passage de Dotclear à WordPress a été un pur moment de jubilation et je préfère WP.

        Quand à ton billet Alias, je ne peux effectivement qu’abonder (je me laissais la nuit pour réfléchir à comment formuler le mien). Sauf sur l’optimisme. Parce que oui l’UDC défend le passé, sans doute, mais y’a une terachiée de jeunes tout autant réac que bien des anciens. Moi ça me fait peur au contraire pour l’avenir.

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  2. Je confirme sur les jeunes réacs.

    Je fais passer le test smartvote à des apprentis ébéniste, menuisiers, mécano et électro de lausanne et j’ai un tiers d’UDC, UDF

    je pensais être en terre conquise de gauche, mais 1/3 d’udc, le parti à de l’avenir

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  3. Plus encore que le côté xénophobe de la chose – après tout, il est difficile de reprocher à quelqu’un qui a peur de vouloir faire quelque chose contre cette peur – c’est le côté complètement stupide de cette modification à la constitution qui me frappe. Je ne parle même pas de son objet – Alias l’a bien soulevé – mais du fait qu’il n’y a aucun objectif, aucun plan, rien: pas la moindre chance que quoi que ce soit de positif en ressorte: les musulmans ne cesseront pas d’être des musulmans (tant mieux), les extrémistes de tous bord ne cesseront pas leur gesticulations et les gens ne cesseront pas d’avoir peur.

    Franchement, ça me fait penser à l’idiot du village qui prend un coup et, ne sachant quoi faire, cogne sur le premier visage qui se présente – voire qu’on lui présente.

    Je ne pensais pas mes compatriotes si bêtes. Mais peut-être y a-t-il quand même un aspect positif: nos paysans vont pouvoirs vendre leur foin à la Migros, maintenant.

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    • “après tout, il est difficile de reprocher à quelqu’un qui a peur de vouloir faire quelque chose contre cette peur”
      Peut-être peut-on arrêter de faire naître des peurs sans fondement…

      … tiens, mon billet est écrit lui aussi.

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      • “Peut-être peut-on arrêter de faire naître des peurs sans fondement…”

        Oui, mais là, c’est pas les même responsables. Et pour que des politiciens verreux et populistes laissentb tomber une recette qui marche, je crois qu’il faut du 22. Ou du 12. Ou du 357… Tous nos hespoires reposent donc sur la grippe A, je suppose…

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