Vous aimez King Crimson? Vous allez aimer Insano, le nouvel album du groupe chilien Platurno. Sinon, euh… disons que ça va être brutal. Parce que King Crimson, dans la galaxie rock progressif, ce n’est pas exactement l’étoile la plus facile d’accès: il y a des champs d’astéroïdes taquins (et probablement minés), des singularités quantiques, des formes d’énergie inconnues et des autochtones pas forcément très amicaux.  Pas hostiles, hein? Juste pas super-accessibles.

Mais ce n’est pas un problème pour les petits gars de Platurno, ils connaissent bien le coin. Et puis ils sont à peu près aussi bizarres que ces mêmes autochtones. Parce qu’en plus de ne pas chercher la facilité dans le mode rétro-progressif, Platurno est un trio dont la particularité est de ne pas avoir de bassiste: les lignes de basse sont jouées au clavier. Je vous rassure tout de suite: à mes oreilles modérément éduquées, ça ne s’entend pas.

Le résultat, c’est un album de près de cinquante minutes, quasi instrumental (seul le bizarrement mélancolique “Control” est chanté) et très technique, mélangeant rock progressif, sonorités électroniques et improvisations free-jazz. Autant dire que ce déferlement de dissonances, de ruptures rythmiques et de sonorités mi-vintage, mi-modernes, n’est pas exactement d’un abord facile.

Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de mélodies, juste qu’il vaut me pas trop s’y attacher: ça risque de décrocher très vite et de partir en délire plus ou moins contrôlé. Au moins, quand on voit le titre de l’album, on se dit qu’on n’est pas trompé sur la marchandise: pour du barré, c’est du barré! C’est très “rock progressif, règles avancées”.

Vous l’aurez compris, Insano est plutôt à réserver à ceux qui ont certaine habitude de ce roi cramoisi (qui, au niveau dinguerie, n’a pas grand-chose à envier au roi en jaune); il faut une certaine préparation et ne pas avoir peur d’être surpris. Mais une fois ceci posé, Platurno livre avec cet album un très bel exercice de style.

Stéphane “Alias” Gallay, graphiste de profession, quinqua rôliste, amateur de rock progressif, geek autoproclamé et résident genevois, donc grande gueule. On vous aura prévenu.

Pour soutenir Blog à part / Erdorin:

Blog à part est un blog sans publicité. Son contenu est distribué sous licence Creative Commons (CC-BY).

Si vous souhaitez me soutenir, vous pouvez me faire des micro-dons sur Ko-Fi, sur Liberapay ou sur uTip. Je suis également présent sur Patreon et sur KissKissBankBank pour des soutiens sur la longue durée.