“Pwning Tomorrow”

Ça faisait un moment que j’avais vu passer sur Boing Boing l’annonce de la sortie de Pwning Tomorrow, une anthologie de science-fiction réalisée au bénéfice de l’Electronic Frontier Foundation, une association américaine de défense des droits numériques.

(Anecdote amusante: une des affaires qui a motivé la création de l’EFF a un rapport direct avec le jeu de rôle, puisqu’il s’agit de la saisie du supplément GURPS Cyberpunk réalisée par les Services secrets US au siège de Steve Jackson Games en 1990.)

Si vous regardez la liste des auteurs qui ont contribué à cet ouvrage, c’est un petit peu l’équivalent SF d’un All-Stars Game: Neil Gaiman, Paolo Bacigalupi, Lauren Beukes, Kameron Hurley, David Brin, Cory Doctow, Hannu Rajaniemi, Bruce Sterling, Charles Yu et j’en passe.

Par contre, il n’y a rien d’inédit là-dedans: toutes ces nouvelles ont déjà été publiées ailleurs. Ce n’est pas très grave en soi: sur les vingt-et-un textes, il y en avait deux que j’avais déjà lus: “Scroogled”, de Doctorow, et “The Smartest Mob” de David Brin, extrait de son roman Existence.

Le thème de Pwning Tomorrow tourne autour d’Internet, des lois et règlements, de l’avidité des corporations et des bizarreries qui peuvent apparaître ici ou là. Mais pas mal des textes sont plus dans un domaine de pur science-fiction – à part le dernier, j’y reviendrai.

Bien évidemment, dans le tas, il y a du bon et du moins bon, mais c’est globalement du bon, voire du très bon. Un des textes qui m’a le plus impressionné, c’est peut-être “The Light Brigade”, de Kameron Hurley, qui est un peu éloigné du thème originel, mais qui raconte une guerre qui semble attaquer les fondements même de la réalité.

Dans une veine similaire, “His Master’s Voice” de Hannu Rajaniemi raconte une histoire de casse dans un univers transhumaniste, du point de vue d’un chat et d’un chien augmentés. Sinon, “Scroogled”, de Doctorow, est devenu presque un classique avec son histoire de l’immigration US gérée par les algorithmes de Google.

Je mentionnerais également “Nanolaw with Daughter”, où un père explique à sa fille comment gérer les dizaines de citations à comparaître qu’elle reçoit chaque jour, ou “Business as Usual” et sa psychothérapie pour frigo connecté. Ou le très noir “Water” de Ramez Naam, dans un monde où tout est publicité.

Le texte le plus curieux, et également le plus long, est “Free Fall” de Carolyn Jewel, une novella qui pourrait très bien servir de départ à une série de romans d’urban fantasy érotique. Pas exactement dans le thème, donc, mais l’autrice est un des soutiens les plus anciens de l’EFF, plaignante principale dans un dossier contre l’accumulation de données informatiques sans mandat de justice.

Quoi qu’il en soit, Pwning Tomorrow est une anthologie de très haut niveau, avec une blinde de textes qui apportent un éclairage fictif et futuriste à des problématiques contemporaines et bien réelles. Vous pouvez l’obtenir contre une donation à l’EFF et elle est également disponible sous licence Creative Commons (CC-BY-NC-ND).

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