“Information Doesn’t Want to Be Free”, de Cory Doctorow

"Information Doesn't Want to Be Free", de Cory Doctorow

Il fallait bien quelqu’un comme Cory Doctorow pour détourner une des phrases les plus mythiques d’Internet et, avec son essai Information Doesn’t Want to Be Free, sérieusement débroussailler la question des droits d’auteur, de la copie, des verrous numériques et, plus généralement, de la liberté d’expression et de création au XXIe siècle.

“Overclocked”, de Cory Doctorow

Si je devais résumer Overclocked, recueil de nouvelles de science-fiction signé Cory Doctorow, je dirais qu’il y a du bon et du moins bon. Comme souvent avec cet auteur, en fait. Disons plus simplement qu’aucune des six nouvelles ne m’a laissé une impression impérissable – à part peut-être “When Sysadmins Ruled The Earth”, qui m’a causé un bout d’insomnie, mais seulement parce qu’il y atomise Genève et tue des chats.

“Homeland”, de Cory Doctorow

Dans la série des suites casse-gueule, Homeland, de Cory Doctorow, est la suite de l’excellent Little Brother, un roman jeune adulte dans une Amérique contemporaine, mais dystopique – douloureusement similaire à notre époque, mais où un attentat terroriste a précipité la ville de San Francisco dans un état de surveillance presque totale.

On y retrouve Marcus Yallow, autrefois dit M1k3y, avec deux ans de plus et pas vraiment de grandes perspectives d’avenir. Car la crise économique est passée par là, en plus du reste. Et, soudainement, une figure de son passé resurgit pour lui confier des documents explosifs (façon WikiLeaks ou Edward Snowden), à rendre public au cas où. Et, bien évidemment, il y a “cas où”…

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“The Rapture of the Nerds”, de Cory Doctorow et Charles Stross

Avouez que, d’entrée de jeu, avoir Charles Stross et Cory Doctorow à l’affiche, ça fait un peu dream team pour ce The Rapture of the Nerds, roman de science-fiction décalé bien comme il faut que l’on pourrait résumer par “la Singularité vue par quelqu’un qui ne l’aime pas”.

En effet, Huw Jones, Gallois technophobe et héros de l’ouvrage, est l’un des rares humains qui, en cette fin de XXIe siècle, n’a pas chargé sa conscience dans le “nuage” avant de léguer sa viande résiduelle à un fabricant de pâté pour chat. Le reste de l’humanité, virtualisé, vit dans un nuage de matière informatique qui occupe l’espace autrefois réservé aux planètes du système solaire, Lune comprise.

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“Pirate Cinema”, de Cory Doctorow

Comme je l’avais prédit vendredi, il ne m’a pas fallu longtemps pour finir Pirate Cinema, le dernier bouquin de Cory Doctorow. Enfin, dernier, c’est vite dit: il en a publié tellement ces derniers temps que j’ai un peu perdu le compte. Toujours est-il que Pirate Cinema est le plus récent de ces bouquins “jeune adulte” dans la lignée de Little Brother ou For The Win.

Cette fois-ci, il met en scène un jeune anglais, fana de création vidéo. Sauf que sa passion se nourrit de téléchargements illicites et finit par causer la coupure de la connexion Internet de toute sa famille. Dans cette Grande-Bretagne futuriste (genre 10-20 ans) en proie à la crise, cette coupure menace de mettre sa famille sur la paille et, de honte, Trent fugue vers Londres.

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Qui veut la peau de l’ordinateur universel?

Si la question des droits numériques vous intéresse, c’est la lecture de la semaine: l’article de Cory Doctorow sur BoingBoing, intitulé Lockdown: The coming war on general-purpose computing. J’entends par là qu’il vous faudra peut-être une semaine pour le lire et que ça en vaut la peine, parce que c’est sans doute le truc le plus intéressant que vous allez lire de la semaine. Cet article reprend une présentation qu’il a faite au 28e Chaos Communication Congress de Berlin.

Son idée centrale, c’est que la question des copyrights, de la copie privée, Hadopi, SOPA et toutes ces autres saletés ne sont en fait que la partie visible d’un combat plus important et potentiellement beaucoup plus dangereux, où les “ayant-droits” se lancent dans des efforts de plus en plus brutaux pour limiter l’universalité des ordinateurs que nous utilisons tous les jours.

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La science-fiction, un vocabulaire de l’avenir

Décidément, j’aime bien Cory Doctorow quand il parle de science-fiction. Son dernier article sur Locus Online, intitulé A Vocabulary for Speaking about the Future, est un excellent complément à un texte dont je vous avais précédemment parlé sur la science-fiction en tant que littérature du présent.

Son point de vue est que, si on croit que les auteurs des science-fiction s’essaient à prédire l’avenir (volontairement ou non), c’est le plus souvent le contraire. L’avenir n’est pas une sorte de train sur une voie unique qui ne peut qu’avancer dans une direction. Les auteurs de SF dénoncent, inspirent, exposent; ils mettent en avant les désirs et les craintes contemporains dans des histoires qui se déroulent dans un avenir fictif.

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Je ne fais pas de politique: je crée

Civilization Board Game Table

En m’intéressant à la politique, j’essaye de comprendre comment les choses fonctionnent (ou, le plus souvent, comment elles ne fonctionnent pas); couplé avec des études d’histoire, ça permet aussi de voir quel est le poids de traditions et de pratiques passées – et souvent dépassées.

Galaxies n° 8 (avec des vrais morceaux d’Alias dedans)

Tiens, en passant: le numéro 8 du magazine de science-fiction français Galaxies est paru. Il reprend une version relue et augmentée de mes billets sur les ouvrages de Cory Doctorow (à part celui d’aujourd’hui, pour des raisons évidentes), le tout au sein d’un gros dossier sur cet auteur (qui inclus deux nouvelles traduites). Je vous …

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“For the Win”, de Cory Doctorow

Dans un avenir proche, des ados de Chine, d’Inde, d’Indonésie ou du Vietnam travaillent dans des jeux massivement multi-joueurs, un peu comme à la mine : ils y récupèrent monnaie virtuelle et objets légendaires, pour le compte d’intermédiaires sans scrupules – qui, eux-mêmes, font partie d’un plus vaste réseau criminel organisé. Mais, parmi eux comme dans les villes-usines de ce tiers-monde au service des pays riches, se lèvent des hommes et des femmes avec le projet fou de créer un syndicat international.

Même si je n’ai pas pu trouver tout ce que je cherchais à Montréal, j’ai ramené le nouveau bouquin de Cory Doctorow, For the Win. Tant qu’à faire, entre le train de Québec et l’avion de retour, je l’ai fini – presque d’une traite. Ce qui, au vu de la taille du bouzin, donne déjà une idée de sa qualité.

Autant ses romans « normaux » sont biens, mais sans plus, autant à la lecture de celui-ci ainsi que celle de Little Brother, j’ai l’impression que le créneau « jeunes adultes » sied particulièrement bien à Cory Doctorow : ses personnages ont de l’énergie à revendre, de l’intelligence et la touche de naïveté nécessaire aux vrais révolutionnaires (au sens noble du terme : ceux qui veulent changer les choses).

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“Makers”, de Cory Doctorow

Bon, j’ai enfin terminé Makers, dernier bouquin en date de Cory Doctorow et également dernier de la série d’ouvrages du même auteur que j’ai dévorés depuis la nouvelle année. C’était touffu — les bouquins de Doctorow en général, mais ce dernier en particulier. Suffisamment touffu pour que je réfléchisse un long moment par quel bout je devrais l’appréhender.

Le roman suit deux inventeurs, Perry et Lester: ce sont des bidouilleurs de génie qui utilisent les copieux fonds de poubelle d’une Amérique en pleine récession dans un futur très proche. Suivis par une journaliste/blogueuse et soutenus par une grosse corpo un peu idéaliste, ils lancent un mouvement qui rapidement les dépasse, avant de s’effondrer, puis de rebondir de façon surprenante.

Là, en gros, je vous résume le premier tiers du bouquin — et encore, pas tout.

Il m’a fallu un bon moment avant de comprendre ce qui clochait dans ce bouquin: il n’y a pas de trame. Contrairement aux autres bouquins de Doctorow, Makers n’est pas un roman dans le sens traditionnel: c’est une chronique d’un futur proche plausible dans une Amérique post-industrielle.

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“Someone Comes to Town, Someone Leaves Town”, de Cory Doctorow

Whoa. Après les deux précédents ouvrages de Cory Doctorow précédemment chroniqués ces derniers jours (Down and Out in the Magic Kingdom et Eastern Standard Tribe), Someone Comes to Town, Someone Leaves Town est un sacré changement! D’une part, en comparaison, c’est un pavé de 320 pages écrites en petits caractères et, d’autre part, l’accent fantastique du récit a de quoi surprendre.

Le protagoniste principal – appelons-le Alan, Abel, Arnold ou Andreas – vient d’emménager dans sa nouvelle maison, au cœur du quartier de Kensington Market, à Toronto et fait connaissance avec ses nouveaux voisins, tous plus bizarres les uns que les autres. Ce qui ne lui pose pas de problème particulier, lui-même étant le fils d’une montagne et d’une machine à laver et ayant pour frères un prescient, une île et trois poupées russes.

Les choses deviennent plus compliquées lorsqu’un autre frère – celui que les cinq autres croyaient avoir tué il y a des années – semble être revenu d’entre les morts et commence à pourrir la vie d’Alan et de ceux qui l’entourent. Quand je dis “compliquées”, ce n’est que le prénom! Car, pour ne rien arranger, Alan se lance dans un Plan Génial pour mettre au point un réseau Wifi communautaire et gratuit qui, à terme, doit couvrir tout la métropole.

Tout ceci pour dire que, pour sa première incursion dans le genre fantastique urbain, Cory Doctorow n’a pas choisi la facilité et c’est un peu dommage. On pourrait dire qu’il y aurait là matière à deux ouvrages: un roman de pur fantastique urbain à la Neil Gaiman et un techno-thriller anarcho-alternatif, mais ce ne seraient pas de très bons livres: les trames n’ont que peu de réel intérêt en elles-mêmes, c’est la conjonction des deux éléments qui donne son intérêt à l’ouvrage.

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“Eastern Standard Tribe”, de Cory Doctorow

Je vous avais prévenu: je suis dans les bouquins de Cory Doctorow, ces jours-ci. Après Down and Out in the Magic Kingdom et avant Someone Comes to Town, Someone Leaves Town, j’ai fini de lire Eastern Standard Tribe. En fait, si Down and Out… était l’image d’un avenir glorieux et transhumaniste, Eastern Standard Tribe est un peu le contraire: un futur proche, ultralibéralisé et en voie de tribalisation – non selon des habitudes ou des goûts communs, mais selon les fuseaux horaires, pour des bêtes questions de biorythme.

La raison pour laquelle je commence par présenter l’univers dans lequel se déroule le roman est qu’à mon avis, comme avec Down and Out…, c’est l’intérêt principal de l’ouvrage. C’est une peu le défaut commun que je trouve à ces deux premiers romans de Doctorow: j’ai du mal à m’intéresser à l’intrigue, pleine de trahison et de maladie mentale, et aux personnages, que je trouve un chouïa fades.

Cela dit, je dois être honnête: l’intrigue gagne ici beaucoup par l’astuce narrative utilisée par l’auteur: proposer deux fils distincts. Le premier fil, à la première personne, est celui du protagoniste qui, alors qu’il est dans une merde noire, raconte dans le second fil et à la troisième personne les événements qui ont conduit à cette merde noire en question. Trahison et tout le toutim.

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