Un jour, quelqu’un s’est dit “et si je racontais l’histoire d’un architecte de thermes dans la Rome antique qui voyage dans le Japon contemporain chaque fois qu’il tombe dans un bain public?” Ce quelqu’un, c’est la mangaka Mari Yamazaki, auteur de Thermæ Romæ.

Certes, c’est très résumé, mais, dans l’absolu, il n’y a pas grand-chose d’autre dans cette histoire, mais c’est largement suffisant: Lucius Quintus Modestus est un architecte dans la Rome de l’empereur Hadrien, spécialisé dans la construction de thermes. Alors qu’il est en panne d’inspiration, il glisse dans un bassin tombe dans l’eau et émerge dans un onsen, un bain thermal japonais. Les idées qu’il ramènera de ce voyage impromptu vont révolutionner l’art thermal à Rome.

L’amorce est bien fumée, mais moins saugrenue qu’il n’y paraît: les Romains de l’Antiquité et les Japonais partagent un amour des bains thermaux et en ont quasiment élevé la pratique au rang d’art (mineur, certes, mais populaire). Le grand jeu du manga est bien évidemment de confronter ces deux visions et de les mélanger, au point d’avoir au final des statues de tanuki dans une station balnéaire romaine…

Mari Yamazaki est Japonaise, mais elle a longtemps vécu en Italie et a épousé un archéologue. Autant dire qu’elle maîtrise le sujet – en plus d’être une illustratrice de talent. Les six volumes de son manga sont d’ailleurs parsemées de notes personnelles sur les thermes, le Japon, l’Italie et les croisements culturels entre les deux (la narration de la visite de la belle-famille au Japon vaut son pesant de sesterces).

Thermæ Romæ a reçu quelques prix prestigieux au Japon et je trouve que c’est plutôt mérité. La série combine un humour de situation souvent irrésistible combiné à une étude de mœurs très sérieuses entre deux civilisations qui ont pas mal de points communs à deux millénaires d’écart – notamment celui d’être passablement extra-terrestres pour nous autres Européens contemporains.

Si vous vous intéressez à la Rome antique et avez envie de vous instruire sans trop vous prendre au sérieux, je ne peux que vous en recommander la lecture.

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