La semaine passée, j’ai enfin reçu l’information que je pourrai voter dimanche prochain pour le premier tour de l’élection présidentielle française. C’est une bonne et une mauvaise nouvelle.

La bonne nouvelle, c’est que je vais pouvoir voter. Ce n’était pas immédiatement évident: l’année passée, j’ai dû me livrer à quelques acrobaties administratives dont la conclusion était claire comme un seau de goudron. L’administration française, quand elle s’y met, c’est du pur Kafka nerveux.

La mauvaise nouvelle, c’est que je vais pouvoir voter. Pour être plus précis, je vais devoir choisir entre des candidats sur lesquels j’ai un avis qui va de “mouaibof” à “whoputain non, jamais, nope, kill it with fire.” Ou ne pas voter, qui entre également dans la catégorie “mouaibof” (variante “c’était bien la peine”).

En gros, j’ai l’impression d’avoir le choix entre des quasi-repris de justice, des professionnels de la magouille, des arrivistes sans parole, des idéologues psychorigides, des grandes gueules en roue libre, des cryptofascistes d’obédience diverse et des ultralibéraux d’obédience pognon. Et il y a beaucoup de chevauchements.

De plus, j’ai l’impression que le système politique français est en pleine débine. À la base, c’est un système qui semble ne fonctionner qu’avec un président qui s’appelle Charles de Gaulle (Mongénéral pour les intimes) et qu’il part de plus en plus en vrille.

Il a un côté winner takes all qui fait qu’une fois qu’on arrive au pouvoir, on n’a plus envie de lâcher son os. Du coup, quand j’entends des candidats qui annoncent leur volonté de le réformer, voire de tout changer, j’ai de gros, gros doutes.

Je ne crois plus aux programmes – c’est en partie de la faute de Ploum – et je ne crois pas aux femmes et aux hommes providentiels non plus. Récemment, au cours d’une discussion sur Facebook, on m’a conseillé de procéder par élimination; le souci, c’est que cette expression me fait penser à une approche un chouïa moins démocratique et pas du tout légal. Mais tentante.

Vous me direz, pourquoi ne faire chier à voter dans un pays où je n’ai jamais habité? D’abord, parce que j’ai le droit, ensuite parce que là où j’habite, j’ai moins de dix kilomètres à faire dans un peu n’importe quelle direction pour arriver en France.

Bref, je sens que je vais encore me retrouver à voter pour un gauchiste de la vieille école, le genre crédité d’un score à un chiffre. Ce ne serait pas la première fois.

(Photo: Second tour de l’élection présidentielle française, 2007, sous licence Creative Commons, partage dans les mêmes conditions, par Rama, via Wikimedia Commons)

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