Je tiens à prévenir tout de suite ceux qui viennent sur ce blog pour lire mes chroniques rock progressif façon Woodstock, chemises à fleur et patchoulis que les prochaines chroniques risquent d’être un peu brutales – à commencer par celle-ci. Samael, dont le nouvel album Lux Mundi vient de sortir, est un des rares groupes suisses qui a réussi à se faire un nom en dehors de nos frontières et ce n’est pas pour sa délicate mélancholie minimaliste.

Déjé, Samael, ce sont des Valaisans, c’est-à-dire pas exactement ce que le pays compte de plus subtil – j’en sais quelque chose! Du coup, musicalement, on est plus proche d’un croisement sauvage (forcément) entre Rammstein et Dimmu Borgir: un gros fond de black métal mélodique et une sérieuse louche d’indus par-dessus histoire que ça tabasse encore plus. Décidément, je suis en pleine période black métal, moi; il y a des gars qui, à l’approche de la quarantaine, font djeunz en s’achetant une moto, moi c’est en agitant ma pénurie de cheveux sur des rythmes de sauvages.

Bref, Lux Mundi, ça baffe! Je ne connais pas vraiment bien le reste de la production de Samael, mais ce que je peux dire, c’est que cet album me plaît bien, avec la bonne dose de gros métal qui tache et de mélodie pour avoir envie de se détruire la nuque par des mouvements saccadés d’avant en arrière, tout en n’ayant pas (trop) l’impression de se faire passer le cerveau à la ponceuse à gros grains. Les rythmiques indus donnent à l’album un ton martial, façon division blindée en goguette, le tout survolé par des claviers très présents, mais dont on ne peut pas vraiment dire qu’ils allègent l’ensemble.

Pas besoin d’attendre longtemps, au reste: “Luxferre” donne le ton d’entrée de jeu et lance le premier des douze morceaux souvent d’inspiration biblique, mais pas exactement la partie “peace & love”, mais plutôt “dieu de vengeance qui va te péter toutes les dents, te transformer en statue de sel et recommencer, juste parce que”. Cela dit, au vu de la tête de “Antigod” (sans parler de “The Truth Is Marching On”), il faudra au moins ça.

Ceux qui n’ont pas encore fui auront compris que ce Lux Mundi n’est pas un album pour les âmes sensibles et les esprits évanescents: il faut du tympan blindé et une certaine force intérieure pour appréhender sereinement la musique de Samael. Ou alors être déjà complètement ravagé, c’est selon; la catégorie dans laquelle je me trouve personnellement est laissée à l’appréciation du lecteur.

Son seul petit défaut est qu’après douze missiles de croisière de ce gabarit – voix growl-scream, batterie plombée et claviers orageux –, on commence à avoir l’impression d’avoir écouté douze fois le même morceau. On me dira que c’est de la musique à encaisser, pas de la musique à écouter, mais je préfère quand même un chouïa plus de variété dans mon métal.

Mais que ça ne vous empêche pas de jeter une oreille (prudente) sur Lux Mundi: dans le genre black métal mélodique à grand spectacle, façon fin du monde filmée par Roland Emmerich, c’est du yabon en galette!

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