Arrêtez Claude François!

La blague est classique: “Deux mauvaises nouvelles aujourd’hui: Claude Nougaro est mort et Michel Sardou est encore vivant.” Remplacez Sardou par le nom d’un artiste que vous n’aimez pas. Je crois qu’elle est de Desproges, mais à mon avis, lui-même l’avait réchauffée.

Je n’aime pas Sardou, mais ce n’est pas le plus casse-couille que je connaisse. Ce douteux honneur revient à Claude François, ce chanteur mort-vivant qu’un coup de fusil à pompe en pleine tête n’arrête même pas.

Soyons franc: je suis allergique à la musique que je n’aime pas. Pour être plus précis, il y a une petite portion de musique que j’adore, un part plus importante de gens que je supporte de plus ou moins bonne grâce, et une grosse majorité d’artistes qui m’horripilent en moins de quinze secondes. C’est une sorte de don.

Dans cette catégorie, je place facilement 95% de la variété française contemporaine. Les plus pénibles sont les chanteurs morts, Ballavoine et Claude François en tête. Je ne les aimais pas de leur vivant, mais le battage médiatique autour de leur mort précoce a fini de les rendre insupportables. Charles Trenet, qui lui a une carrière autrement mieux remplie, mais qui est mort à quatre-vingt ans passés, est nettement moins célébré — et bien évidemment, je supporte mieux les roucoulophoneries de Trénet que les ululements gonadoclastes des deux précités.

La période est rude: un chef marketing quelconque (très quelconque) a visiblement décidé que c’était le moment de relancer la nostalgie et d’en encaisser les dividendes. Entre le film et les soirées-anniversaire, le matraquage publicitaire est intense — à tel point que, même si je voulais y échapper, je n’y suis pas arrivé: coincé dans mon troquet préféré, je me suis fait agresser par un bon nombre d’hystériques qui ont trouvé très drôle de m’infliger la bande originale (façon de parler) de Podium, le film en question. Non content de s’écouter, ces mêmes hystériques pensent qu’en plus, ces abominations musicales se chantent. Soirée karaoké. Bonheur. Il m’a fallu ensuite me rincer les oreilles au Rammstein, le débouche-évier industriel garanti…

La bonne nouvelle de la journée est venue de mon marchand de disque préféré, qui a reçu 12:5, le dernier opus de Pain of Salvation. En général, je ne suis pas un grand enthousiaste des live acoustiques, mais celui-là marche sur la tête de la concurrence avec des chaussures de ski.

Pain of Salvation est un des grands groupes de prog-metal du moment; quelque part, l’idée de les écouter faire de l’acoustique dans la discutable tradition des “unplugged” de MTV m’inquiétait plus qu’autre chose, mais force m’est d’avouer que l’exercice est cette fois réussi et original. Les morceaux interprétés ont été nettement retravaillés et adaptés aux circonstances et composent d’étranges atmosphères intimistes. C’est du tout bon!

(Photo: Tophee via Flickr, sous licence Creative Commons.)

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