À mon retour de Dacca, je cherchais dans le centre commercial de l’aéroport de Dubaï – plein comme un œuf à deux heures du matin – quelque chose à bouquiner dans l’avion. Je suis tombé un peu par défaut sur Bad Science, de Ben Goldacre, avec la confuse impression d’en avoir déjà entendu parler quelque part. Bonne pioche !
Faut que je vous explique : la science et moi, comme on dit sur les réseaux sociaux, « c’est compliqué ». J’aime bien ça, mais je suis une pive dans la plupart des domaines scientifiques et, du coup, certains des trucs que j’écris font chouiner gravement ceux de mes potes qui ont plus l’esprit à ce genre de choses.
Dans le cas présent ce bouquin colle tout à fait avec cette relation : Ben Goldacre, docteur en médecine (très) anglais et journaliste au Guardian, s’intéresse au traitement médiatique de sujets scientifiques en général et médicaux en particulier, de la promotion de pipeauthérapies diverses au montage en épingle de psychoses sanitaires.
Il faut dire que, dans le genre « caniveau », la presse britannique n’a de leçons à recevoir de personne, à faire passer les quotidiens romands rimant avec « Le tapin », « Cerveau en grève » ou « Je débute » pour des modèles de rigueur et de déontologie. Et, dans le domaine de la science médicale, c’est un festival : vrais-faux experts aux diplômes contestables, méthodologies floues, références sélectives, voire créations de toute pièce.
Le bouquin de Ben Goldacre (il s’agit ici d’une réédition quelque peu augmentée) met en lumière certains des scandales les plus fameux de ces dix dernières années, le tout avec beaucoup d’égards pour ceux de ces lecteurs qui, comme moi, ont un peu du mal avec tout ce qui ressemble de près ou de loin avec des méthodes scientifiques. Son leitmotiv: “les choses sont un peu plus compliquées que cela.”
Surtout, l’auteur a un point de vue très intéressant – sur lequel il insiste peut-être un peu trop –, en ce qu’il ne cherche pas tant à blâmer les personnes derrière ces scandales que le système économico-médiatique. Par exemple, sur la question de l’homéopathie, il ne conteste pas son efficacité, mais est agacé que les homéopathes tentent de garder un vernis scientifique sur leurs pilules d’eau sucrée, alors qu’il y aurait beaucoup de choses à dire sur les bienfaits de l’effet placébo.
Il cherche à regarder les événements sous un angle plus social et pointe du doigt l’attrait des médias pour le populisme le plus crasse, doublé par la méfiance généralisée du public pour les firmes pharmaceutiques – sans que ce dernier ne se rende compte que, souvent, les produits alternatifs qu’il recherche viennent de ces mêmes pharmas.
Bref, si vous l’avez l’occasion de tomber sur ce Bad Science, n’hésitez pas ! Ce d’autant plus que Ben Goldacre est une plume de premier choix – et n’est pas Anglais pour rien.
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