Chiko, l’Héritière de Cent-Visages

Je viens de finir une série japonaise pas banale: Chiko, l’héritière de Cent-Visages. Pas banale par ses thèmes, sa construction et la toile de fond historique. Commençons par cette dernière: l’action se déroule dans le Japon des années 1950-1960, pendant la reconstruction du pays. Et, contrairement a beaucoup d’animés que je connais, il n’occulte en rien cette période: les personnages adultes sont issus de la guerre et ont leurs démons et psychoses nés des évènements.

Sa construction ensuite: si la série semble se placer dans la droite ligne des histoires de gentlemen-cambrioleurs façon Lupin III, à travers le personnage de Cent-Visages, elle bascule brusquement après un tiers, avec massacre de la presque totalité des seconds rôles et un retour à la case départ (ou presque) pour Chiko, la jeune fille que Cent-Visages avait enlevé en même temps que le bijou qu’elle portait pour la soustraire à son empoisonneuse (au sens littéral) de tante et dont il avait fait son héritière.

Commence alors une période creuse où Chiko se rhabitue à une vie “normale”, tout en essayant d’échapper aux tentatives d’assassinat orchestrées par sa chère tante. Elle est entraînée par une des amies d’école dans un plan de “demoiselles détectives” qui est l’alibi officiel du générique de fin (autant dire qu’avant la moitié de la série, on se demande bien le rapport avec la choucroute), avant que l’histoire ne bascule une seconde fois avec une chasse à l’héritage réel de Cent-Visages.

On en revient alors à une partie dans le plus pur style pulp – il y a même des zeppelins, c’est dire! – avec ses héros increvables, ses menaces sur la civilisation, ses ennemis inarrêtables et sa super-science. Ce qui m’a interpellé, c’est qu’on retrouve un peu les mêmes thématiques que dans la Brigade Chimérique, mais traitées très différemment: un leg superscientifique né des horreurs de la guerre et qui est à la fois la promesse d’une ère de paix et le le risque d’une catastrophe globale. Levez la main, ceux qui n’ont pas compris que c’est une métaphore de l’arme atomique.

Le point faible, c’est clairement la production. Chiko n’est clairement pas une série réalisée avec un gros budget et, par moment, on a droit à une animation à la hache émoussée qui n’est pas sans rappeler les Goldorak des temps héroïques. Je passe sur les musiques de génériques toupourris; depuis le temps, je n’y fais attention que quand elles sont un ton au-dessus de médiocre, ce qui reste douloureusement rare.

En résumé, Chiko est une très bonne série pulp – ou plutôt post-pulp –, courte (22 épisodes) et dont les multiples rebondissements et changements de ton ont de quoi surprendre l’amateur blasé dans mon genre. Entre la bande de Cent-Visages, les “armes vivantes” superscientifique et le fameux “quatrième état de l’eau”, il y a largement de quoi se servir comme inspiration pour les rôlistes.

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3 réflexions au sujet de “Chiko, l’Héritière de Cent-Visages”

  1. Je viens de la terminer à l’instant. Elle est m’a fait un bon moment. Il y a des scènes ”moe-moe” qui casse un peu l’ambiance a mon goût inévitable vu le jeune public auquel il est destiné, alors que j’ai dépassé la quarantaine. J’ai souri en autre au tout dernier épisode a la référence sur Détective Conan. Mais le savant fo en faisait trop. Son arme n’est pas utilisable sur le terrain. A noté un film ”live” a peu près potable dérivé de l’oeuvre originale sorti en 2008, k-20, l’homme au vingt visages.

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    • Oui, l’arme du savant fou est un peu too-much, mais c’est dans l’esprit du genre. Ce qui m’avait surtout frappé, c’est le changement de style entre la grande aventure du début et de la fin et le plan “jeunes détectives” du milieu.

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  2. Harg, la relecture depuis un portable à était un désastre : Elle est m’a fait passé un bon moment.

    Sinon, en effet, du coté Arséne Lupin pour enfin, voir Cat’s Eye pour le vol d’œuvres d’art , on est passé à une vrai boucherie puis à un scénario bien sérieux. Bien qu’ayant lu cela avant de l’acheter, l’élimination sanglante de la bande de copains fait un choc.

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