De la chair à l’acier

Si j’ai acheté ce recueil de nouvelles De la chair à l’acier, paru aux Éditions Icares à l’instigation de l’éditeur rôliste Forgesonges, c’est en grande partie sur l’insistance fort insistante d’une des auteur(e)s publiés dans l’ouvrage, Natalia « Nathalouchka » Aparicio-Vuille. Je n’en dirai pas plus sur ces malheureuses circonstances pour ne pas me fâcher tout de suite et définitivement avec elle, sinon que la prochaine fois que j’ai l’intention de lui dire « non », je penserai à prendre un batte ou un fusil à pompe.

Le recueil contient les dix nouvelles lauréates du concours « Plumes en herbe » organisé par Forgesonges, sur le thème éponyme. Je précise au passage que « éponyme » est un mot que j’aime beaucoup et qui signifie « du même titre ». Histoire d’être clair. Dix histoires, donc, de qualité pas forcément très égale mais, dans l’ensemble, plutôt plaisantes.

Il y a là du médiéval-fantastique (ou assimilé) pour quatre des nouvelles, trois étant plus clairement orientées science-fiction, une étant une uchronie steampunk avec un traitement façon roman noir, une historique fantastique et une dernière contemporain fantastique. Si certaines souffrent du fameux syndrome du nommage abscons si bien décrit par Boulet, la plupart de ses nouvelles tiennent la route.

Si je devais désigner des préférées, ce serait peut-être « Première ligne », une histoire de mercenaires dans un monde med-fan que j’imagine à la façon des livres de la « Compagnie noire » (que je n’ai pas lu), mais est surprennamment plaisante à lire – même pour quelqu’un comme moi qui n’aime pas le med-fan. Peut-être parce qu’elle est plus med que fan.

J’ai également été séduit par les univers baroques de « Cortex Connection » (dont l’histoire est malheureusement très prévisible) et de « L’Ours et l’Ombre ». Moins réussies, mais avec des idées intéressantes, les deux nouvelles SF « La barrière d’Arkhan » et « Les Lumineux », notamment pour la réflexion posthumaniste de la seconde. La chasse à la créature de « Sourire cobalt » a quelques idées bien pensées, même si la réalisation pèche.

Je dois par contre avouer avoir été un peu déçu par le manque d’originalité de certains thèmes et/ou de leur traitement ; rares sont les histoires que je n’aurais pas pu lire il y a vingt-cinq ans dans un Fleuve Noir Anticipation. La science-fiction a pas mal évolué depuis, mais j’ai l’impression que la francophonie a un peu raté ce train. En plus, en lisant certaines des nouvelles, j’avais un peu trop souvent tendance à penser “Ah, tiens, lui (ou elle) a un peu trop lu de [insérez ici auteur connu]…”

Mais, à vrai dire, le point qui m’a le plus gêné dans l’ouvrage est sa forme : marges minimalistes, typos en pagaille et ponctuation à la ramasse rendent certaines nouvelles plus ardues à lire que d’autre. Ce qui est très dommage, parce que je suis payé pour savoir que la mise en page de livres n’est pas exactement une science quantique et demande principalement un minimum de rigueur dans le formatage des textes.

Si l’on excepte ces points, De la chair à l’acier est une anthologie agréable à lire, dans son ensemble, et qui réserve quelques perles authentiques. Si cela peut donner une première chance à ces auteurs, c’est tout bonus.

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1 réflexion au sujet de « De la chair à l’acier »

  1. J’ai eu la même impression de manque de nouveauté concernant la SF francophone, sans jamais avoir réussi à mettre le doigt sur le problème exact, peut-être que c’est un cercle trop fermé…

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