“La dernière Walkirie”, de Benoît Attinost

Sigrid Kyle est une des dernières survivantes d’un corps d’élite, les Sections, chargés de lutter contre les religions non autorisées dans l’Arche, immense acropole qui surplombe l’Atlantique Nord, une cyclopéenne structure de béton qui abrite des milliards d’êtres humains d’un extérieur devenu un cloaque toxique. Elle est La dernière Walkirie éponyme du roman cyberpunk de Benoît Attinost.

(Au passage, je tiens à m’excuser auprès des autres personnes que je connais et dont je n’ai pas encore lu les bouquins: celui-ci m’est parvenu dans ma boîte email et j’ai pu le lire depuis mon téléphone, alors que les autres n’ont pas été synchronisés avant mon départ – chose qui m’agace quelque peu d’ailleurs. Ce n’est donc pas du favoritisme, juste la technologie qui vous déteste.)

La dernière Walkirie, donc: c’est un roman que je referme (virtuellement) avec un sentiment étrange. D’un côté, il y a ce monde, cette cité-structure qui demande une sérieuse suspension d’incrédulité, mais qui offre également un décor vertigineux, avec ses blocs et ses tours – une part de Judge Dredd et une part de surveillance ubiquitaire – et des luttes de pouvoir entre militaires, civils, corporations, syndicats, religieux et mafieux.

Et il y a le personnage de Sigrid et, surtout, son passé au sein d’une unité d’élite organisée comme un ordre de chevalerie germanique. Comment ne pas penser aux délires nazis en lisant les descriptions de cérémonies runiques, de noms de codes empruntés aux mythologies nordiques et à la discipline fanatique? Malaise…

Et pourtant, la sauce prend et l’intrigue tient raisonnablement bien la route. Elle a l’intérêt de prendre en compte une variable rarement utilisée dans les romans de ce type: les mouvances religieuses et mystiques et, surtout, leurs liens avec le pouvoir – les pouvoirs, devrais-je dire. Et puis un bouquin où les méchants sectaires se planquent en Suisse ne peut pas être totalement mauvais.

En fait, La dernière Walkirie est très loin d’être totalement mauvais. C’est également loin d’être une réussite complète, la faute à un style pas toujours très aisé à lire, avec notamment des paragraphes monolithiques – serait-ce par mimétisme avec le décor? – et des grosses séances d’infodump qui pourraient être réduites.

Je pense notamment à la confession de Sigrid, qui est à mon avis deux fois trop longue pour un tel format. Le format des paragraphes, souvent des murs de texte monoblocs – qui, certes, font raccord avec l’ambiance de la ville –, n’aide pas non plus.

Je le recommande néanmoins aux amateurs de science-fiction tendance cyberpunk, revu et corrigé, qui sont prêts à se lancer dans un contexte costaud et original. Qui plus est, c’est un roman plutôt court (moins de 300 pages au format PDF); ça nous changera des pavés anglo-saxons.

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