Séance de rattrapage DVD hier soir avec District 9, film de science-fiction sud-africain de Neill Blomkamp que tout le monde, son frère et son petit chien a déjà vu depuis sa sortie en 2009. Et ce pour une bonne raison: il est bordélique, mais très bien.

Si l’idée de base – un peuple extra-terrestre forcé de vivre sur Terre dans un bidonville – n’est pas complètement originale (Alien Nation l’avait déjà faite, vingt ans avant), le propos résonne de façon différente dans une Afrique du Sud pas si post-apartheid que cela. Surtout, la forme, mélangeant un film traditionnel “caméra sur l’épaule” et des extraits de “fauxcumentaires” et d’émission de télévision, lui donne une force particulière.

On suit donc Wikus Van der Merwe, agent falot et ordinairement raciste d’une multinationale en charge des camps extra-terrestres, se retrouver exposé à un agent mutagène qui le transforme peu à peu en “crevette” – le terme insultant pour parler des extra-terrestres.

Du coup, son employeur voit en lui l’occasion de pouvoir enfin utiliser les armes extra-terrestres, qui ne fonctionnent qu’avec un ADN compatible et se prépare à le disséquer sans état d’âme. Il s’enfuit et trouve refuge auprès d’extra-terrestres qui cherchent le moyen de repartir sur leur planète.

Le propos politique du film est assez brutal, montrant dans un premier temps l’accueil des extra-terrestres, dans un vaisseau en perdition et menacés par la famine, comme une mesure humanitaire, puis le changement d’attitude de la population face à un peuple qui n’a à peu près rien de commun avec les humains, la haine, le racisme et l’exploitation. Il n’est d’ailleurs pas exempt de controverses sur ce point, avec sa description du gang de criminels nigériens.

Ce n’est pas exactement notre premier contact avec la science-fiction sud-africaine, puisqu’on avait déjà vu la série Charlie Jade, mais, si on y retrouve certains mêmes thèmes et une coloration africaine distincte (les rites magiques, les langages à clic), District 9 est plus direct, plus polémique; le format film en fait également une fiction mieux construite.

Si vous faites partie des douze personnes qui n’ont pas encore vu District 9, je vous le conseille chaudement. C’est un bon exemple de la science-fiction comme “littérature du présent” – sauf que c’est un film, mais bon.

Stéphane “Alias” Gallay, graphiste de profession, quinqua rôliste, amateur de rock progressif, geek autoproclamé et résident genevois, donc grande gueule. On vous aura prévenu.

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