Laissez-moi vous parler d’un de mes rares instants de nostalgie: j’ai découvert Fates Warning il y a un peu plus de trente ans avec leur album Awaken the Guardian, que j’avais acheté pour la pochette. Or, j’apprends récemment que le groupe a retrouvé sa configuration quasi-originale pour une série de concerts-anniversaire, regroupés dans ce Awaken the Guardian Live.
Par “configuration originale”, il faut comprendre avec Frank Aresti à la basse, Steve Zimmermann à la batterie et surtout John Arch au chant – Jim Matheos étant toujours le guitariste attitré du groupe, le deuxième guitariste étant Joe DiBiase, également actuel membre. Quatre sur cinq, trente ans plus tard, c’est plus que pas mal: c’est impressionnant.
Mais parlons de cet album, Awaken the Guardian. Il sort donc en 1986, époque où le metal progressif était représenté par à peine quatre ou cinq groupes – Queensrÿche et Watchtower notamment. Du coup, c’est une galette qui sonne très curieusement à des oreilles contemporaines: le style de Fates Warning était plus proche de la New Wave of British Heavy Metal, avec des influences orientalisantes, le tout dominé par la voix si particulière de John Arch.
C’est encore un album qui est aux limites entre metal classique et progressif; plus tard, le groupe sortira No Exit et, surtout, Perfect Symmetry, qui le propulseront définitivement dans la seconde catégorie. Mais Awaken the Guardian – comme son prédécesseur, The Spirit Within – n’a pas encore tout à fait sauté le pas. On y retrouve néanmoins des compostions longues et complexes.
Que dire de ce live, sinon qu’il a les défauts de ses qualités: on a un groupe dans une configuration très proche de l’originale qui reprend sur scène un de ses albums mythiques, trente ans plus tard. C’est un événement et on sent que les musiciens et le public savourent cet instant. Dans le même temps, trois décennies ont passé et c’est parfois difficile pour les cordes vocales.
Cela dit, j’ai pu constater de visu, cet hiver, que Fates Warning sur scène, c’est de la bombe atomique, groupe de vieux ou pas. Et, même si on ne retrouve ici que deux des membres que j’ai pu voir à Aarau, l’enthousiasme, le professionnalisme et la magie de la musique permettent de compenser beaucoup de petites faiblesses.
Le digipack que j’ai pris comptait deux CD et un DVD; sur les CD, on a l’intégralité du concert de Tillburg (Allemagne), ainsi que les rappels – notamment l’exceptionnel “Exodus”, qui conclut The Spirit Within.
Je le conseille à ceux qui n’ont pas peur de se plonger dans les premières heures du metal progressif; même si on n’accroche pas forcément au style de l’époque, c’est un album qui est au minimum intéressant, revisité en prime par ses musiciens originels (ou peu s’en faut).
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