Dans un avenir proche, des ados de Chine, d’Inde, d’Indonésie ou du Vietnam travaillent dans des jeux massivement multi-joueurs, un peu comme à la mine : ils y récupèrent monnaie virtuelle et objets légendaires, pour le compte d’intermédiaires sans scrupules – qui, eux-mêmes, font partie d’un plus vaste réseau criminel organisé. Mais, parmi eux comme dans les villes-usines de ce tiers-monde au service des pays riches, se lèvent des hommes et des femmes avec le projet fou de créer un syndicat international.
Même si je n’ai pas pu trouver tout ce que je cherchais à Montréal, j’ai ramené le nouveau bouquin de Cory Doctorow, For the Win. Tant qu’à faire, entre le train de Québec et l’avion de retour, je l’ai fini – presque d’une traite. Ce qui, au vu de la taille du bouzin, donne déjà une idée de sa qualité.
Autant ses romans « normaux » sont biens, mais sans plus, autant à la lecture de celui-ci ainsi que celle de Little Brother, j’ai l’impression que le créneau « jeunes adultes » sied particulièrement bien à Cory Doctorow : ses personnages ont de l’énergie à revendre, de l’intelligence et la touche de naïveté nécessaire aux vrais révolutionnaires (au sens noble du terme : ceux qui veulent changer les choses).
Certes, on a un peu l’impression d’avoir le casting parfait de génies en culottes courtes, entre la génie tactique de quatorze ans, le gosse de riche rebelle, l’optimisateur ultime de raids ou la web-activiste chinoise et ses millions de suivantes, mais si ce sont des personnages d’exception, ils évoluent aussi dans un monde réaliste qui ne leur fait pas de cadeaux.
J’ai surtout été impressionné – plus encore qu’avec Little Brother – sur le côté didactique de For the Win : non content de décrire l’univers des « meuporgues » et surtout leur côté obscur (le gold farming, la spéculation ou les pratiques des grandes compagnies qui contrôlent ces univers persistants), Doctorow nous fait un exposé magistral sur l’économie mondiale, les mécanismes de spéculation. En même temps, je ne sais pas si cet aspect théorique ne risque pas d’être un tantinet indigeste ; personnellement, cela ne m’a pas trop gêné, mais je ne suis (théoriquement) pas le public-cible, non plus.
À chaud, je dirais que For the Win est un ouvrage juste un ton en-dessous de Little Brother, ce qui revient à dire qu’il est juste très bon : amusant, geek, politisé et riche en rebondissements, c’est une excellente lecture pour l’été. Ce d’autant plus que, comme les autres, il est téléchargeable gratuitement sous licence Creative Commons.
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je veux le lire!!
Vu qu’il est sorti en mai en anglais, ça risque de prendre un moment avant la traduction.
Je peux te prêter ma version anglaise, si tu te sens d’attaque, mais c’est de l’anglais pour geek, pas toujours super-facile d’accès (beaucoup de jargon et de néologismes).
Sinon, Little Brother devrait être traduit prochainement en français.