Si, comme moi, vous avez tendance à être musicalement bipolaire, du genre à aussi bien apprécier le rock progressif le plus mélodique et le métal le plus brutal, alors RIITIIR, nouvel album des Norvégiens de Enslaved, est non seulement fait pour vous: il est à votre image. C’est fort, hein?

Or donc, comme vous le savez sans doute si vous suivez l’actualité du groupe depuis un moment – ou si vous avez lu mes précédentes chroniques sur Vertebrae ou Axioma Ethica Odini – Enslaved est un groupe qui a commencé sa carrière dans le black-métal viking délicat comme une ponceuse à béton, avant de se lancer dans le métal progressif. Mais sans abandonner le côté black-métal. Ça surprend.

Du coup, RIITIIR propose plus d’une heure d’un mélange des plus schizophrènes: moitié prog, moitié black, avec pas grand-chose entre les deux. Du coup, on a sur cette galette une panoplie de huit morceaux, pour un total de soixante-huit minutes (faites le calcul: ça fait une moyenne de plus de huit minutes par morceau), d’un métal qui alterne passages lourds et growlés (ou d’un mélange growl-scream) et périodes mélodiques, voire aériennes, accompagnées d’une voix en clair.

C’est particulièrement frappant sur les deux premiers morceaux, « Thoughts Like Hammers » et « Death in the Eyes of Dawn », mais tout l’album est sur ce ton. C’est assez déroutant – sauf, bien évidemment, si on a déjà écouté les deux ou trois albums précédents, auquel cas on est habitué.

C’est d’ailleurs un peu le problème principal (quoique mineur) de cet album: Enslaved y poursuit le chemin qu’il a commencé à tracer il y a huit-dix ans, sans beaucoup de surprises. J’ai cependant l’impression que les parties « progressives » de l’album sont plus nombreuses que précédemment.

Malgré cette légère impression de faible renouvellement, voire de lassitude (soixante-huit minutes, c’est long!), RIITIIR est un excellent album, qui propose des sonorités rares dans le monde du métal, et surtout du death/black.

Stéphane “Alias” Gallay, graphiste de profession, quinqua rôliste, amateur de rock progressif, geek autoproclamé et résident genevois, donc grande gueule. On vous aura prévenu.

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