“Invraisemblances et contradictions dans la Bible”, de Gerald Messadié

Quand on lit un titre comme Invraisemblances et contradictions dans la Bible, de Gerald Messadié, soit on est un athée convaincu et on ricane sur le pléonasme, soit on est un croyant et on hurle au blasphème. Et si, comme moi, on est un peu entre les deux, tendance historien, disons qu’on fait un peu des deux aussi.

Pour être plus clair, ce bouquin m’a passionné pour son fond, tout en m’agaçant prodigieusement par sa forme. C’est surtout le ton employé par son auteur, par ailleurs journaliste scientifique (notamment à Science & Vie) et écrivain de science-fiction, que j’ai eu du mal à supporter.

La thèse principale de Gerald Messadié, c’est que les différents ouvrages de la Bible ont été écrits par une foule d’auteurs divers, parois recompilés par d’autres, puis traduits de multiples langages et recopiés par des religieux qui avaient leurs propres agendas. D’où une bonne partie des contradictions et invraisemblances dont il est question.

Le souci, c’est que l’auteur ne se contente pas de poser sa théorie ainsi: il l’accompagne d’un certain nombre de jugements de valeurs qui vont du sarcasme amusé (et parfois amusant, d’ailleurs), à la mesquinerie de mauvaise foi – ce qui est un comble pour un ouvrage traitant de livres saints. Ce n’est pas la première fois que je tombe sur une telle combinaison et ça m’agace toujours autant.

Ce d’autant plus que, par ailleurs, le bouquin regorge de faits par ailleurs très intéressants. En comparant les textes avec ce que l’on sait de la société et de la vie liturgique aux différentes époques – l’ouvrage couvre l’Ancien et le Nouveau Testaments, ainsi que quelques apocryphes – l’auteur dégage des indices qui remettent en question les dates d’écriture de divers textes ou leur signification réelle.

Ainsi, de nombreux passages de l’Ancien Testament – notamment l’Exode – sont en contradiction avec les éléments historiques connus à ce jour et on découvre des Évangiles où Jésus est mis en scène avec des symboles esséniens, du nom de cette secte juive de l’époque, ou Paul faisant état d’une citoyenneté changeante et, potentiellement, de liens familiaux avec la dynastie hérodienne.

Reste que, sur ce sujet, j’aurais préféré lire un travail du même genre que celui de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur sur leur “Trilogie de Jésus”: plus de faits, moins de jugements de valeur. Mais si on passe outre mes petites humeurs, il y a des choses très intéressantes dans cet ouvrage, ne serait-ce que sur la genèse (sans jeu de mot) des textes classiques, surtout sur une période de l’ordre de trois mille ans.

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4 réflexions au sujet de ““Invraisemblances et contradictions dans la Bible”, de Gerald Messadié”

  1. > C’est surtout le ton employé par son auteur, par ailleurs journaliste scientifique (notamment à Science & Vie) et écrivain de science-fiction, que j’ai eu du mal à supporter.

    Comme c’est l’une des raisons qui m’ont fait cesser de lire Science & Vie à la fin du siècle dernier pour me tourner vers des vulgarisations plus objectives, je doute que ce bouquin soit pour moi.
    (je ne savais pas par ailleurs qu’il avait écrit de la SF…)

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    • De Science & Vie, je ne connais que leur sale tendance à faire des dossiers qui caressent leurs annonceurs dans le sens du poil. Genre, “dossier sur l’énergie nucléaire” et hop! douze pleines pages de oub pour EDF et Areva.

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