Ces temps-ci, la blague-qui-ne-fait-pas-rire, c’est le fameux “je ne suis pas homophobe, mais…” suivi en général d’une sortie homophobe, du genre “les pédés, c’est pas des gens comme nous”. Moi, c’est le contraire: je suis homophobe, mais je ne vois pas pourquoi des questions de préférence sexuelle ou même de genre devraient être une excuse pour nier une égalité en droit.

Oui, vous avez bien lu: je me considère comme homophobe. Au sens premier du terme: l’homosexualité est une notion qui, sans aller jusqu’à dire qu’elle me terrifie, me met mal à l’aise. Je blâme l’éducation: je suis un enfant des années 1970, époque à laquelle les blagues sur les tapettes étaient aussi courante que celles sur les noirs et les Juifs. Ce qui, à la réflexion, signifie probablement que je suis également xénophobe et sémitophobe.

Cela dit, je considère qu’avoir peur – sans même parler d’être simplement mal à l’aise – d’une notion comme la couleur de peau, la religion, la culture ou la préférence pour la plomberie interne ou externe n’est pas une excuse pour en nier le droit à l’existence.

Du coup, c’est une attitude que j’ai décidé de ne plus tolérer chez moi; Deal With It Mode: On! Je n’aime pas ça non plus chez les autres, mais ça fait longtemps que je n’ai plus trop d’illusions sur ma capacité à changer le monde et, en plus, je suis un peu comme eux, donc je comprends.

C’est un truc qui s’appelle la civilisation et, oui, ça demande un effort, ça demande de prendre sur soi, de ne pas aller défoncer la gueule du voisin qui a un téléphone portable plus mieux bien que le sien pour le lui prendre. Ce genre de choses. En fait, c’est un truc sur lequel je pense que Philippe Val avait raison (comme quoi, tout arrive): dans son Traité de savoir-survivre par temps obscur, la culture est un truc qui peut nous sauver de nos instincts les plus sanieux.

Dans mon cas, je crois que je peux remercier Elfquest (et sans doute aussi XXXenophile…) pour m’avoir changé la vision de l’homosexualité. Ça, plus quelques expériences de quasi-première main sur la question encore plus délicate du sexe et du genre (pas vrai, Psychée?).

J’ai déjà expliqué dans un plus ancien billet ma position sur la question du mariage (et non, ce n’est pas celle du missionnaire); de façon plus générale, je pense qu’il est plus que temps qu’on arrête de s’inventer des différences. Le coup du bouc émissaire, c’est vieux comme le monde (et d’ailleurs, mon collègue en grande-gueulitude Ianian l’a également noté).

Ça serait peut-être le moment d’évoluer un peu. Je rêve d’un jour où on ne comprendra plus pourquoi “pédé” ou “tapette” étaient des insultes.

(Photo par Jean-François Gornet via Flickr, sous licence Creative Commons Share-Alike.)

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