Fondamentalement, n’importe quel éditeur de texte peut servir à écrire, même un Notepad ou vi. Cependant, ce genre d’outil atteint vite ses limites – souvent même des limites physiques: les fichiers étant limités à une certaine taille.
Au minimum, l’auteur cherchera à utiliser un outil qui peut lire et écrire le format RTF (Rich Text Format), ce qui autorise des facéties telles que le gras ou l’italique. Néanmoins, il est plus que recommandé – surtout pour de longs documents – de rechercher un outil qui permet de travailler avec des feuilles de style.
Travailler avec style
Les feuilles de style sont un outil de formatage global pour les paragraphes. S’ils sont bien appliqués, les feuilles de style assurent que deux paragraphes utilisant la même feuille de style auront la même apparence: même police de caractère utilisée, même marges, même interlignage, etc.
Les feuilles de styles ont deux intérêts principaux: unifier l’apparence d’un document et structurer hiérarchiquement ce document. En effet, la plupart des programmes utilisant les feuilles de style permettent l’usage de différents “niveaux” de titres, dépendant les uns des autres. “Titre 1” désigne le titre du document, “Titre 2” le titre d’un chapitre du document, “Titre 3” le titre d’une section d’un chapitre, etc.
Microsoft Word, par exemple, permet une visualisation d’un document par sa structure et, si les styles de titres sont correctement appliqués, de remanier cette structure en déplaçant seulement les titres (les niveaux inférieurs suivent automatiquement).
Un avantage secondaire de l’utilisation des titres et des feuilles de style est que ça permet une exportation plus facile, soit vers le format HTML (pour publications sur Internet), soit vers un programme de mise en page.
Vous n’avez pas besoin de tant de styles que ça: le style Normal pour les paragraphes de texte, les styles de titre Titre 1, Titre 2, etc., plus un style Normal-petit (notes, encadrés), Normal-retrait (exemples, citations), Normal-liste (pour les listes de matériel, par exemple). Les plus prévoyants peuvent créer un style Indication, qui ne sera utilisé que pour des informations de mise en page et qui peut ainsi facilement être effacé ensuite.
Le principe de base est que chaque paragraphe doit avoir un style et s’y tenir. Le formatage local – qui consiste à changer les réglages sur un seul paragraphe – doit être proscrit. Les seules choses acceptables sont l’usage de gras ou d’italique. Si un paragraphe doit absolument être différent, autant créer un style qui lui soit spécifique et/ou réfléchir à la pertinence de cette particularité.
À chacun son modèle
Une autre bonne idée consiste à créer un modèle de document. Les modèles – templates – sont des fichiers de base, contenant déjà une proto-mise en page, les feuilles de style ad hoc, les en-tête et pieds de page, etc.
Un modèle peut par exemple être défini comme ayant des marges de 2 cm à gauche et à droite, 3 cm en haut et en bas, avec un en-tête contenant le titre du fichier et un pied de page qui indique la date de modification et le numéro de page. Les marges indiquées ici sont une moyenne optimale; on peut réduire ou agrandir à volonté, mais attention à la limite physique de votre imprimante. Les imprimantes laser ont une marge physique vers 1.2 cm, voire 0.6 cm sur certains modèles, les imprimantes à jet d’encre ont en général des marges minimales plus faibles, de quelques millimètres, sauf en bas, où il faut compter au moins 2.5 cm (certaines imprimantes à jet d’encre impriment franc-bord, mais pour du texte, ce n’est pas forcément recommandé).
Placez-y vos styles; l’important pour les styles, c’est qu’ils soient lisibles pour vous. Si vous aimez travailler sur du texte en script, taille huit, réglez votre style Normal ainsi – mais faites ces réglages dans le style. Le Tout sélectionner doit être banni de vos outils (à part pour faire du copier-coller, et encore).
Restez simple: plus vous ferez dans le complexe, plus les risques que ça déconne augmentent. Ce texte est un document de travail; il ne doit pas être beau, il doit être lisible et utilisable. Une certaine élégance est un bonus, mais pas un but premier; en général, une mise en page propre et lisible est élégante.
Astuce: la plupart des traitements de texte utilisant les feuilles de style autorisent aussi de joindre à ces styles un raccourci-clavier. C’est un excellent outil pour vous faciliter la vie.
Le poids des mots, le choc des typos
On peut être un auteur génial et être un brêle en orthographe et en grammaire; j’ai des noms. Par contre, c’est un peu comme pour tout: faut pas se faire gauler. Tout ceci pour dire qu’il ne fait pas hésiter à faire appel à des petits camarades plus doués que soi pour la relecture des textes, leur correction et, si nécessaire, leur réécriture.
Je sais que, parfois, ça donne des résultats douloureux pour l’ego, mais rien ne fait plus “amateur” qu’un document mal relu, rempli de fautes de frappe et incompréhensible pour cause de langage approximatif.
Quel programme choisir?
Là je suis un peu embêté, parce que fondamentalement, je n’en connais qu’un: Microsoft Word. Cela dit, c’est un des plus courants et, si on le prend dans le sens du poil, un des plus performants pour cette tâche.
Il gère les feuilles de styles (avec raccourcis-clavier), importe et exporte dans une tripotée de format, a un correcteur orthographique et grammatical bien pratique et possède plein de petits trucs pour vous faciliter la vie.
Il n’est pas sans défaut: pour qui ne l’a pas de base sur sa machine, il coûte son prix. C’est aussi un monstre, qui prend un espace-disque monumental, rapport au fait qu’une quantité invraisemblable de fonctions plus ou moins utiles y ont été rajoutées à travers les âges.
Il a de plus une sale tendance à se croire plus intelligent que son utilisateur – ce qui est souvent le cas, mais c’est une attitude qui énerve. Enfin, c’est un produit Microsoft, avec tout ce que ça comporte comme standards corrompus, comportements erratiques et poussées d’urticaire idéologiques. Mais, pour le créateur, c’est un excellent point de départ.
Je conseille néanmoins à l’utilisateur lambda de se plonger dans les préférences et à désactiver un grand nombre des fonctions d’auto-formatage des listes, titres et autres liens Internet. Si vous arrivez aussi à flinguer l’aide en ligne, c’est un gros bonus.
L’autocorrection n’a pas que des mauvais côtés: elle permet d’éviter les doubles capitales, les trop-plein d’espaces et rajoute ces abominables demi-espaces insécables, propres à la typographie française, avant les grands signes de ponctuation. Elle règle aussi correctement les mises en exposant des ordinaux (1er, 2e, etc.).
Les aficionados de l’open source iront jeter un coup d’œil sur OpenOffice.org, qui est une suite bureautique similaire à celle de Microsoft, mais en gratuit; de mon point de vue, elle n’est pas sans défauts: j’ai déjà vu passer des documents formattés par OpenOffice.org et c’était peu encourageant. De plus, elle n’est pas disponible pour toutes les plate-formes en version finale (surtout pas pour le Mac, en fait).
D’autres alternatives existent: AbiWord (open source aussi), AppleWorks, Mellel, Mariner Write, etc. Tant que le programme gère les feuilles de style et peut au moins lire et écrire le RTF, on peut travailler avec.
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