“La Suisse romande”, par Georges Andrey

Je ressors de la lecture de La Suisse romande, de Georges Andrey, avec une impression quelque peu mitigée: d’une part, j’ai appris énormément de choses en lisant cet ouvrage, qui se veut une histoire de cette “Romandie” où j’habite, mais, d’autre part, j’ai souvent été agacé par le style de l’auteur.

Si j’étais médisant, je dirais que j’aurais dû me méfier du sous-titre “Une histoire à nulle autre pareille”, qui sonne un peu trop façon “Y’en a point comme nous.” Disons simplement que l’auteur semble un peu trop enthousiaste par moments et se lance parfois dans des tirades qui semblent tirées de certaines des sources pro-romandes du début du XXe siècle qu’il cite.

Il y a aussi quelques petits problèmes techniques, comme des répétitions bizarres (combien de fois devra-t-on lire que la capitale de la République du Piémont est Milan? Dans le même chapitre?) et des choix de mise en page pas toujours très heureux, comme des encadrés sur fond gris difficiles à lire et une cartographie qui aurait mérité une plus grande place.

Mais ce ne sont que des problèmes de forme; pour ce qui est du fond, l’ouvrage de Georges Andrey m’a paru solide et, surtout, plus didactique qu’académique et, donc, très accessible. Qui plus est, il aborde une histoire que les Romands eux-mêmes ignorent dans sa plus grande partie.

Certes, on sait que Vaud a été sous domination bernoise jusqu’en 1798, que Genève était une république indépendante et, avec un peu de bonne foi, on arrive même à se rappeler que c’est à Napoléon qu’on doit le premier brouillon de la Suisse moderne. Que Neuchâtel a été pendant longtemps à la fois suisse et prussienne, c’est moins banal.

La thèse du livre, c’est de poser que l’espace “Suisse romande” existe, sous une forme embryonnaire, depuis le Moyen-Âge avec les premiers traités de combourgeoisie. Partant de là, le livre explore plusieurs périodes de l’Histoire, en s’intéressant en parallèle aux différents “cantons” (pour utiliser le terme moderne) qui composent l’espace romand. C’est d’ailleurs amusant de penser qu’avant 1803, le seul vrai canton romand, c’est Fribourg… qui est bilingue.

Je n’irai pas jusqu’à dire que cette thèse est très convaincante: certes, elle décrit ce qui unit ces différentes entités romandes entre elles, mais moins ce qui les rattache à d’autres entités alors voisines, comme la France, la Savoie, la Bourgogne. En d’autres termes, j’ai l’impression d’une vision un peu anachronique de l’espace romand.

Cela dit, je pense qu’il ne faut pas prendre cet ouvrage comme un précis académique, malgré un côté un peu rébarbatif de certains des chapitres. C’est de l’Histoire “grand public”, avec ce qu’il faut de rigueur, mais aussi ce qu’il faut de légèreté pour ne pas assommer le lecteur. Ça m’arrange: cela fait quinze ans que j’ai bouclé mes études et je ne suis pas très enthousiaste à l’idée de retomber dans des bouquins pour thésard.

Malgré mes réserves, qui tiennent tout de même beaucoup du pinaillage de genevois, je vous recommande la lecture de La Suisse romande, une histoire à nulle autre pareille! Il y a beaucoup à y apprendre – et ce sans trop d’efforts.

Quitte à compléter avec des ouvrages plus pointus, par la suite. Mais bon, je ne sais pas pour vous, mais j’ai des San-Antonio dans ma pile à lire et ça me paraît quand même plus marrant que de la thèse en barre.

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