« Les Ruines de Paris en 4908 », d’Alfred Franklin

Étrange petit bouquin que ce Les Ruines de Paris en 4908, d’Alfred Franklin. D’abord pour son concept, qui est résumé par le titre, mais aussi par son histoire. Et par le fait que je ne me souviens plus de comment j’en ai entendu parler, ce qui me vexe un peu.

En effet, la préface d’Éric Dussert nous apprend que l’auteur (de son vrai nom Alfred Louis Auguste Poux, né en 1830 et mort en 1917) a été bibliothécaire et, avant cela, journaliste pour la presse monarchiste. Le texte présenté ici aux Éditions de l’Arbre Vengeur est une réécriture d’un ouvrage écrit par le même, quarante ans auparavant, et agrémenté de dessins d’Amandine Urruty.

Les Ruines de Paris en 4908 commence par une courte préface de son auteur, qui revient sur les diverses incarnations de l’ouvrage. Puis suit le texte lui-même, sur environ quatre-vingt pages au format livre de poche, sous la forme d’un échange de correspondance.

D’un côté, l’amiral commandant une expédition archéologique partie découvrir les ruines de l’ancienne capitale de la France. De l’autre, les restes de l’Empire français, établi en Nouvelle-Calédonie. Littéralement à l’autre bout du monde.

L’expédition y raconte comment, après avoir pris contact avec des autochtones un peu frustres, mais accueillants, l’expédition découvre les ruines de la capitale perdue et s’attelle à la déblayer. Ce faisant, elle tombe sur l’Arc de Triomphe… et commence immédiatement par confondre les noms des généraux et ceux des batailles.

Vous l’aurez sans doute compris: Les Ruines de Paris en 4908 n’est pas un ouvrage très sérieux. Alfred Franklin se moque gentiment des mœurs de son époque et des scientifiques pédants. Il imagine donc des explications alambiquées aux découvertes faites. Comme, par exemple:

« Le nom de Mazarino est bien connu de tous ceux qui ont étudié les annales de ce pays. C’était un cardinal espagnol, que l’on sait avoir été premier ministre, au XIVe siècle, pendant la minorité du roi Dagobert. »

« Les Ruines de Paris en 4908 », Alfred Franklin

Ça me rappelle cette exposition de l’archéologue et humoriste Laurent Flütsch, il y a quelques décennies, qui imaginait les survivances de notre début de XXIe siècle vu par des archéologues, deux millénaires plus tard. Mais en plus léger: il manque un côté didactique qui expliquerait le pourquoi des erreurs.

Cela dit derrière l’ironie, il y a aussi une réalité plus brutale: il est fort possible que l’auteur ait été influencé par les destructions pendant la Commune de Paris. Si c’est le cas, il prend le parti d’en rire, près de cinquante ans après les faits.

Les Ruines de Paris en 4908 se lit vite, plus comme une curiosité que comme un véritable livre. Il fera sourire le connaisseur de Paris et de l’histoire en général, mais ce n’est pas un ouvrage qui marque durablement. Une lecture sympathique pour la table de nuit des soirées d’été.

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