« Mémoires d’un détective à vapeur », de Viat et Olav Koulikov

Jan Marcus Bodichiev est détective privé. Il opère à London, capitale de l’Empire anglo-russe au tournant de l’an 3000 et c’est son histoire que Viat et Olav Koulikov racontent – le second ayant récupéré les carnets du premier, son père, qui fut son assistant et ami – dans Mémoires d’un détective à vapeur.

Ouvrage paru sous le nouveau label Les saisons de l’étrange des Moutons électriques, lancée par financement participatif, Mémoires d’un détective à vapeur emprunte la forme de l’œuvre oubliée dans un grenier et redécouverte plusieurs décennies plus tard.

Mais pas seulement : il s’agit aussi d’un clin d’œil appuyé aux « grands détectives » littéraires, Sherlock Holmes et Hercule Poirot en tête. Enfin, c’est une histoire steampunko-uchronique – ne vous laissez pas tromper par « l’an 3000 » annoncé en couverture, il y a un piège !

Ces « Mémoires » se présentent sous la forme de huit enquêtes, augmentées d’un avertissement et une préface. L’avertissement se justifie par le caractère parcellaire de certains des chapitres. En effet, certaines des enquêtes de Bodichiev ne sont tout simplement pas achevées, alors que des extraits d’autres textes parsèment l’ouvrage. C’est assez déroutant, mais ça correspond assez bien à la forme première du texte.

Disons que ce n’est pas l’aspect le plus gênant de ce livre. J’avoue ne pas avoir été convaincu par l’aspect « enquête » de Mémoires d’un détective à vapeur. À vrai dire, Bodichiev enquête peu et ses conclusions semblent souvent sortir de nulle part. Comme « grand détective », il est plutôt décevant.

Cependant, c’est surtout un observateur remarquable de sa ville et de son époque – un Londres post-steampunk qui semble sortir d’une guerre froide avec un bloc marxisto-engelsien emmené par l’Union des républiques solidaristes françaises.

C’est plus dans la description de ce contexte, où se côtoient traditions monarchistes, modernité et collectivisme alternatif que le livre brille, d’autant qu’il ne sombre pas dans le manichéisme géopolitique. Un peu comme avec Everfair, on pourrait presque y trouver un avenir alternatif pour le jeu de rôe Castle Falkenstein.

J’attendais sans doute trop de ce Mémoires d’un détective à vapeur pour ne pas en sortir un peu déçu. Cependant, objectivement, il est plaisant à lire pour ses tournures de phrases surannées et son surprenant contexte – qui se retrouve jusque dans un impressum visé par le sceau de la Chambre impériale de la censure.

Je le recommande plus pour les amateurs d’ambiances rétrofuturistes et d’univers tarabiscotés. Et je pense que j’achèterai également le deuxième tome, déjà annoncé.

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