C’est l’histoire d’un type qui savait pas trop quoi faire un vendredi soir. Il y a un contact sur Facebook qui lui dit “y’a un concert de Mörglbl au Bouffon de la Taverne, tu viens?” Et lui, il dit oui. Le type, c’est moi, mais j’imagine que vous l’aviez deviné.
Mörglbl, c’est un groupe français qui se définit comme “jazz-metal” et que je ne connaissais que de nom. L’occasion me paraissait bonne, alors j’y suis allé, un peu à la fraîche (mais avec les appareils photo, quand même).
Je vous ai déjà parlé du Bouffon de la Taverne, une microscopique salle en sous-sol d’un bar au centre-ville de Genève un truc qui a la taille d’un local de répète – comme le fait remarquer Christophe Godin, le guitariste du groupe.
Pour l’occasion, la salle était d’ailleurs presque pleine: une petite centaine de personne avait fait le déplacement pour assister au spectacle du trio – guitare, basse et batterie – au nom improbable et à la musique encore plus improbable.
Parce que si Mörglbl se définit comme “jazz metal”, j’aurais tendance à dire “y’en a aussi”. Parce qu’on trouve aussi dans leur musique, principalement instrumentale, des influences prog, punk, pop et probablement bien d’autres, qui ne commencent pas toutes par un P.
Et c’est donc parti pour plus de deux heures de concert, où le groupe passe une partie de son temps à troller son public: faux départs, vannes franco-suisses, explications alambiquées, pitreries diverses et rires de cartoon, sans parler d’un sketch désopilant entre le guitariste et le bassiste, parti bouder en coulisse, qui se parlent via leurs instruments.
Pour le cas où vous auriez eu un doute, Mörglbl est donc un groupe qui ne se prend pas au sérieux. S’il vous fait une preuve supplémentaire, des titres comme “Dark Vadim” (à voir en vidéo ici), “Lèpre à Élise”, “Deux flics amis amish”, “Prog Töllog” ou “The Story of Scott Rötti” devraient vous en convaincre, comme la reprise de “Highway to Hell” version crooner.
Par contre, quand il s’agit de jouer de la musique, le nawak laisse la place à une maîtrise ahurissante. La réputation de Christophe Godin comme un des meilleurs guitaristes de France n’est pas usurpée et ses compères, Ivan Rougny à la basse et Aurel à la batterie, sont également des pointures de classe mondiale.
C’est sans doute ce contraste entre une musique ultra-maîtrisée et une forte tendance à la déconne déglinguée qui fait le charme du groupe. Les deux medleys prog – le premier mélangeant deux King (King Crimson et Mark King) et le second partant sur du Yes – étaient exceptionnels; “Owner of a Lonely Heart” version punk, je crois que je vais mettre un moment pour m’en remettre.
Le petit bémol perso, c’est que je me demande si tout cela se retranscrit aussi bien en album. En live, c’est la bonne grosse claque, aucun doute là-dessus. Je verrai bien: j’ai pris Tea Time for Punks (le nouvel album n’était pas encore dispo).
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