Le shitstorm à la mode du moment, dans le petit monde du jeu de rôle, est illustré à plus d’un titre par le récent billet de Cuchulainn, Le rôliste, pire ennemi du jeu de rôle. Je l’ai connu moins énervé, même quand il jouait un Rowaan; c’est dire.

Son coup de gueule vise un certain nombre de discussions sur des groupes Facebook dédiés au jeu de rôle et, surtout, leur tendance à dégénérer en festival du troll sexiste – entre autres. Et, comme de bien entendu, une fois partagé sur Facebook, ce même billet a généré une grosse dose de commentaires pas toujours très courtois.

Il faut dire qu’il y a de quoi débattre sur la forme. C’est un billet d’humeur, du genre qui charge au T-34. Pour reprendre l’expression audiardienne “je ne dis pas que c’est pas injuste, je dis que ça soulage”.

Après, je ne crois pas que ce soit très efficace; s’il est vrai que les gens ont plus tendance à réagir à des coups de gueule – la quantité de réactions sur mon repartage de l’article en question en est la preuve – c’est aussi facile pour des gens de mauvaise foi de pire “ouais, bof, c’est encore machin qui pique sa crise”.

Cela dit, si pas mal de gens semblent très enthousiastes pour débattre de la pertinence de la comparaison avec le football, j’en vois beaucoup moins pour parler du fond du problème.

Ceux qui me connaissent voient sans doute où je veux en venir – je l’ai déjà exprimé assez souvent récemment: c’est un problème de connards. Plus précisément, c’est un problème de gens qui se comportent comme des connards.

En fait, ce qui m’interpelle dans cette histoire, c’est pourquoi des gens se comportent comme des connards. Alors certes, il y a sans doute dans le tas des vrais connards, mais dans mon expérience, c’est une engeance heureusement rare. Il y a par contre pas mal de personnes qui, soit ne se rendent pas compte qu’ils se comportent ainsi, soit qui pensent que c’est drôle.

Le truc, c’est que oui, ça peut être drôle, mais ça implique de connaître son public, d’avoir une connivence qui soit comprise par tous, C’est quelque chose qui est possible autour d’une table, entre potes, éventuellement sur des forums semi-publics, où tout le monde se connaît peu ou prou. Par contre, sur des groupes de discussions publics fréquentés par quelques centaines de personnes, ce n’est pas le cas.

Je précise que le problème est valable pour moi aussi: j’ai une sale tendance à balancer des remarques à l’emporte-pièce qui se veulent drôles, mais qui, avec le recul, s’avèrent au mieux maladroites et, au pire, blessantes. Les gens qui me connaissent savent que je vanne, mais beaucoup ne me connaissent pas (à l’instar de Tigres Volants, je suis peut-être le plus connu des auteurs pas connus).

Les médias sociaux sont devenus une sorte de petit théâtre de la rue, version numérique, où on a tendance à jouer son propre rôle réécrit par un showrunner de comédie. Le souci, c’est que cette réécriture n’est pas toujours très inspirée. La gratification immédiate d’un bon mot, façon cour de Louis XV, a un prix: celui d’une crédibilité sur le long terme.

On va encore dire que je fais mon Suisse, mais je doute que c’est en se comportant comme des connards qu’on va arrêter ceux qui se comportent comme des connards.

Sur ce, comme c’est la période des fêtes, trêve des confiseurs et tout ça, alors je vous les souhaite bonnes. Et paix sur la Terre aux rôlistes de bonne volonté!

(Les autres peuvent continuer à faire ce qu’ils veulent, il ne faudra juste pas qu’ils s’étonnent si on les évite.)

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