« Stealing Worlds », de Karl Schroeder

Quand quelqu’un comme Cory Doctorow annonce tout de go « Karl Schroeder est la personne la plus visionnaire que je connaisse », ça m’intéresse. La phrase figurait en intro de son billet sur BoingBoing sur le dernier roman dudit Karl Schroeder, Stealing Worlds.

Après lecture, je confirme: c’est de la grosse balle. Stealing Worlds suit Sura, une jeune femme qui cherche à échapper aux assassins de son père et qui trouve refuge dans les jeux à réalité augmentée.

Et tout ceci se déroule dans une Amérique du Nord futuriste, semi-balkanisée par l’abandon de larges régions par le gouvernement des États-Unis et ravagée par le changement climatique, la surveillance de masse et un chômage endémique.

Avec un tel contexte, on pourrait s’attendre à une histoire très sombre, mais au contraire, Stealing Worlds est plutôt positif. En fait, en utilisant des technologies telles que la blockchain, des réseaux maillés et sécurisés et la réalité augmentée, les joueurs ont créé de véritables mondes parallèles, accessibles via des lunettes qui ajoutent une « couche » visuelle sur la réalité.

Par exemple, The White Rose est un jeu basé sur les réseaux de résistance pendant la Seconde Guerre mondiale sert à échapper aux dispositifs de surveillance et de reconnaissance faciale.

L’intelligence artificielle est aussi au cœur du roman, notamment en ce qu’elle a fini par remplacer les emplois en col blanc. De nombreuses corporations ont vu toutes leurs instances dirigeantes remplacées par des IA qui rendent des décisions parfaitement rationnelles. Surprise: l’homo œconomicus est une machine.

Mais, au-delà de ce contexte fascinant, Karl Schroeder écrit aussi une histoire pleine de rebondissement, avec de l’action, de l’aventure, de la romance et un sense of wonder vraiment bluffant.

Sura va d’abord se cacher dans les mondes virtuels, en devenir une des actrices majeures, puis essayer de faire la lumière sur le meurtre de son père, chercheur en environnement, qui enquêtait sur des malversations autour de puits de pétrole abandonnés au Pérou.

Stealing Worlds arrive à mélanger beaucoup des ingrédients qui font notre monde contemporain – aux précités, on peut ajouter les mouvements suprémacistes, l’économie post-capitaliste et les entreprises militaires privées. Et au final, on a une sauce qui prend.

Je dirais même que Karl Schroeder réussit là où Cory Doctorow échoue souvent: il écrit un vrai roman, avec une intrigue prenante, en plus de décrire un monde futuriste crédible avec un million d’idées géniales. Pour ces raisons, j’ai beaucoup aimé la lecture de Stealing Worlds.

Un autre avis sur L’épaule d’Orion (qui n’a pas aimé).

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