L’Interdépendance est un empire humain, éparpillé sur des dizaines de systèmes stellaires et relié par un “Flux” (Flow en anglais), des courants substellaires qui permettent de voyager plus vite que la lumière. C’est l’univers dans lequel se déroule The Collapsing Empire, nouvelle série de science-fiction signée John Scalzi et, au titre, on devine qu’il y a un problème.
Ce problème, c’est que le Flux est en passe de se tarir, rendant impossible tout voyage interstellaire à l’horizon de la décennie en cours. Ce qui est un GROS problème quand on considère le nom de l’empire. En effet, aucun des systèmes stellaires n’est autarcique; qui plus est, il ne compte qu’une seule planète habitable: End.
Et, pour ne rien arranger, vu que c’est un empire qui est en place depuis un bon millénaire, personne ne veut croire que la catastrophe arrive. Parce que personne n’y a intérêt, vu que ça signifie à terme la fin de toute civilisation humaine.
The Collapsing Empire suit plusieurs personnages. Il y a d’abord Marce Claremont, physicien et fils d’un des premiers scientifiques à avoir identifié le danger, qui part d’End pour Hub, le monde central, afin de prévenir l’Emperox de ce qui arrive. Puisqu’on en parle, Cardenia Wu, fille illégitime du précédent Emperox, se retrouve sur le trône un peu par hasard, suite à la mort accidentelle du fils de ce dernier.
Et puis il y a Kiva Lagos, fille de la matriarche d’une des grandes guildes, qui se retrouve embringuée dans l’histoire un peu par hasard, mais qui en fait une affaire personnelle (avec moult gros mots) quand un des rejetons de l’ambitieuse Maison Nohamapethan prend son vaisseau pour cible.
Je vous passe les détails des plans tordus, des trahisons et des tentatives d’assassinat multiples et répétées. Disons que c’est assez remuant et que John Scalzi semble beaucoup s’amuser dans cet univers. Les personnages sont hauts en couleur et les situations souvent bien épiques. Au-delà des enjeux (sur lesquels je reviens tout de suite), j’ai souvent beaucoup ri (ou ricané) à la lecture de ce roman.
Ce que j’ai trouvé surtout intéressant dans cet ouvrage, c’est le parallèle que l’on peut faire entre l’histoire de cet empire confronté à une menace naturelle qui pourrait sonner son glas, et notre monde confronté au changement climatique et à l’effondrement de notre biosphère.
On y retrouve les mêmes tentatives pour profiter éhontément du bazar, les mêmes tendances à adopter des théories tordues et scientifiquement infondées, parce qu’elles sont politiquement plus acceptables, et le même déni généralisé. Accompagné par la grande question: que faire pour tenter de sauver ce qui peut l’être, même et surtout si ça signifie abandonner du monde en chemin.
(Après, il semblerait que l’auteur n’avait pas cette idée en tête. Il faut croire que c’est quand même un peu dans l’air.)
Après, on pourrait chouiner sur le fait que l’univers dépeint par Scalzi est quelque peu caricatural, avec son aristocratie impériale accolée à des guildes marchandes toutes-puissantes et un système parlementaire à la complexité byzantine, mais je soupçonne que c’est aussi un peu le but.
L’important, dans cette histoire, n’est pas tant le contexte que les dynamiques de pouvoirs. Il lui manque peut-être une composante réellement “populaire” (ou prolétarienne); on retrouve ici une tendance chez pas mal d’auteurs de ne s’intéresser qu’aux élites.
The Collapsing Empire semble être une trilogie, puisqu’un deuxième tome (The Consuming Fire) est déjà sorti et que le troisième, The Last Emperox, est prévu pour 2020. Pour ma part, ça va etre dur d’attendre: j’ai vraiment beaucoup aimé The Collapsing Empire et il me tarde de lire la suite.
Si vous aimez le space-opera géopolitique à grand spectacle, je vous le recommande fortement.
D’autres avis, plus ou moins enthousiastes, chez Albédo, Blog-O-Livres, Gromovar, Hassan’s Stories, entre autres.
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Pourquoi ne pas l’avoir pris en français alors qu’il venait de sortir ? Problème typique des librairies helvètes ?
Je ne lis quasiment jamais de la traduction si l’original est en anglais. En plus, celui-ci je l’ai acheté à Paris.
C’est une méfiance envers les traducteurs découlant de l’expérience ou d’une philosophie refusant toute forme de trahison d’une œuvre ?
Un peu des deux, j’imagine. Je lis de l’anglais depuis plus de trente ans, donc ça ne me pose pas de problème. Et j’ai effectivement lu des traductions qui n’étaient vraiment pas terribles, au point de dénaturer l’œuvre originale.
Si tu as lu Nicolas Merrien, je compatis. Par contre, des gens comme Rose-Marie Vassallo font du travail d’orfèvre.
Oh, je ne doute pas que les traducteurs, dans leur ensemble, connaissent leur boulot, mais si je peux, je préfère lire les auteurs dans leur langue.
La question est plutôt de se demander pourquoi lire une traduction quand on peut lire dans la langue originale ? D’abord, les versions poches / paperback en anglais coutent trois fois rien, ensuite, pourquoi quand déjà certains livres sont “buggés” en V. O. on devrait se rejouter une chance d’avoir soit des mauvaises traductions / adaptations soit des erreurs de traduction ?
Je lis peu en français perso, sauf quand c’est des traductions du chinois, du russe ou du danois que je pratique assez peu dans ma vie quotidienne ! 🙂
Je lis beaucoup en français, mais ce sont surtout des auteurs francophones.
J’ai beaucoup aimé Old man’s war et la suite, dans l’ensemble M. Scalzi a des bonnes idées et écris bien, il a rejoint le club des auteurs que je lis en aveugle : il sort un bouquin, je le lis, je regarde pas le résumé.
Si tu n’as pas au l’occasion de lire Old Man’s war, je te recommande chaugement la série entière, je me suis vraiment éclaté à la lire.
Déjà lu jusqu’à “Zoë’s Tale”; je n’ai pas encore lu les derniers de la série.