Thy Catafalque: Rengeteg

Entre le nouvel album d’Alcest et, dans un style passablement différent, ce Rengeteg du projet hongrois Thy Catafalque, l’année commence décidément très fort pour les groupes de métal non conventionnels. Parce qu’il faut bien le dire que “non conventionnel”, avec cet album né du cerveau fébrile du multi-instrumentiste Tamás Kátai, ce n’est que le prénom!

Il doit y avoir quelque chose avec les groupes d’Europe de l’Est, parce que le mélange entre métal d’avant-garde, ambiances électroniques et sonorités ethniques de Rengeteg me rappelle beaucoup Negură Bunget. Mais avec Thy Catafalque, on n’est pas vraiment dans le registre du black métal des pâturages, mais dans des ambiances plus mécaniques qu’organiques. Encore que… Rengeteg, me dit-on, signifie en hongrois “vaste forêt sans chemin”. C’est plutôt bien trouvé.

Dix morceaux qui s’échelonnent de trois à quatorze minutes, mais dans l’ensemble plutôt courts (quatre à cinq minutes), mais qui proposent une vaste palette de sonorités, sans toutefois perdre en cohérence. Des chants clairs masculins et féminins, quelques growls (le tout en hongrois), beaucoup de claviers, beaucoup de guitares et quelques moments de calme et de grande beauté au milieu de la tempête, des instants de grâce digne des meilleures musiques de film.

Cela dit, on a quand même droit à du vrai métal de chez brutal avec la grosse rythmique qui tabasse et les voix qui font peur, à commencer, précisément, par le premier morceau “Fekete mezök”. Les deux morceaux suivants, “Kel keleti szél” et “Trilobita” intègrent une grosse dose de mélodies traditionnelles surprenante, surtout intégrées dans un métal rapide et planant.

Changement d’ambiance avec le très atmosphérique, limite Klaus Schulze, “Kö köppan”, puis le lent et lourd “”Vashegyek”, spectaculaire morceau de quatorze minute, très théâtral, toujours avec claviers planants et vocaux masculins et féminins, doté d’un final très futuriste. Le côté futuriste enchaîne avec l’inquiétant “Holdkomp”, limite indus-électronique, rappelant les plus angoissantes musiques de film de Tangerine Dream.

“Kék ingem lobogó” reprend le schéma “métal rapide + musique traditionnelle” et est suivi par un autre morceau planant, “Az esö, az esö, az esö”, dominé par la remarquable voix d’Attila Bakos. Puis Rengeteg se termine un peu comme il avait commencé: en force. D’une part avec le très futuriste instrumental “Tar gallayk végül” dominé par des nappes de claviers, puis avec le très métal “Minden test fü”, qui envoie du bois dont on fait les crucifix renversés, mais tout en gardant des éléments de la “patte” Thy Catafalque.

Si vous avez aimé Negură Bunget et si vous cherchez un métal d’avant-garde, avec des touches électro et folk, alors Thy Catafalque – et plus précisément ce Rengeteg – est définitivement pour vous. C’est un voyage tourmenté dans des ambiances particulières, à mi-chemin entre les paysages naturels et des visions futuristes. C’est du lourd, du costaud; il ne fait pas avoir peur d’entrer dedans, mais c’est un album qui sait récompenser l’effort. Et si vous cherchez de l’original pour sonoriser vos parties de jeu SF/cyberpunk/transhumaniste, y’a de quoi faire.

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3 réflexions au sujet de “Thy Catafalque: Rengeteg”

  1. Cet album des hongrois me branche pas mal, en effet et peut-être vais je sauter le pas grâce à toi. J’aime tout ce qui est dans la veine “avant gardiste”. Dans le même genre avant gardiste, DODECAHEDRON vient de sortir un premier album plutôt intéressant.

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  2. Je suis aussi dans une période “hongroise”, mais en (beaucoup) plus soft: le dernier After Crying, “Creatura”, est à écouter, pour ceux qui ne sont pas rebutés par le mélange musique classique/jazz/rock.
    Ce qui me plaît chez les hongrois c’est qu’ils chantent dans leur langue, en gardant leur spécificité; on ne comprends rien, mais c’est une langue très musicale, qui “passe” bien.

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