Je suis perplexifié. La raison de ma perplexifitude a pour nom Tristania et, plus précisément, le dernier album de ce groupe norvégien, intitulé Rubicon. Le motif de cette perplexifimacation est qu’entre le nom du groupe, le fait que ce soit un groupe de métal scandinave avec une chanteuse et l’illustration de la pochette, je m’attendais à un énième avatar plus ou moins réussi de Nightwish, du métal à chanteuse nordique lambda.

À la place, j’ai droit à… je ne sais pas trop quoi, au juste. Du métal, certes; avec un chanteuse, j’en conviens. Mais pas que. Et, surtout, une musique qui navigue assez loin des standards du genre. En fait, on est plus proche d’un métal beaucoup plus gothique, genre Paradise Lost ou The Gathering (période Mandylion). Mais pas que.

Pourtant, avec “Year of the Rat”, on a droit à un morceau d’introduction dans le presque plus pur style “Walt Disney-métal” à base de métal mélodique et de chanteuse (la remarquable Mariangela Demurtas, originaire de Sardaigne). La chanson suivante, “Protection”, plus folk, peut également passer pour sortie du moule classique. “Patriot Games” marque déjà un tournant dans l’album avec un morceau dominé par les vocaux forts goths du petit nouveau Kjetil Nordhus, qui s’était déjà illustré dans Green Carnation.

À vrai dire, je me demande à quel point l’animal a eu une influence dans la musique en dehors de ses performances vocales, parce que Rubicon lorgne très sérieusement sur le métal progressif dans ses expérimentations. En fait, le problème principal de cet album est qu’il lorgne sur tellement de trucs à la fois qu’il louche. Et un album qui louche, c’est louche. Enfin non, mais c’est bizarre; la schizophrénie musicale, c’est rigolo cinq minutes, mais ça fatigue à la longue.

Du coup, je suis un petit peu partagé entre mon plaisir de trouver un groupe qui – surtout dans cette catégorie stylistique – essaye des approches originales et un léger agacement au vu du fait que ses expérimentations ressemblent parfois à du grand n’importe quoi qui part dans tous les sens. Mélange de recettes éprouvées et d’approches exotiques tirant avec plus ou moins de bonheur sur le prog et le goth, Rubicon est très certainement un album étonnant, rarement ennuyeux et qui recèle quelques perles, comme le magnifique “Amnesia”.

Si vous voulez vous changer de la routine nightwishienne, allez y jeter une oreille et gardez un œil sur ce groupe: il semble se chercher encore un peu, mais une fois qu’il sera vraiment en ordre de marche, il pourrait bien nous faire des trucs pas banals!

Stéphane “Alias” Gallay, graphiste de profession, quinqua rôliste, amateur de rock progressif, geek autoproclamé et résident genevois, donc grande gueule. On vous aura prévenu.

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