Trolls & Légendes 2015

C’est reparti pour une nouvelle édition de Trolls & Légendes, le méga-festival belge de la fantasy, avec ses jeux en pagaille, ses auteurs par dizaines, son Marché féérique, son public déguisé, ses organisateurs prévenants, sa convivialité et ses concerts de folie.

J’avoue: je suis fan. C’est loin, genre huit heures de trajet de deux changements de train, ça coûte bonbon entre le transport et quatre nuits à l’hôtel, mais ça reste du pur bonheur.

J’avoue aussi: je me fais vieux. Au moment où je commence à écrire ces lignes, on est dimanche matin et j’ai fait l’impasse sur les concerts du samedi soir – dont Eluveitie et Tanzwut – pour cause de fatigue intense. Oh, j’aurais pu y aller, mais je l’aurais méchamment payé.

L’homme sage sait écouter son corps, même si, dans le cas présent, l’homme sage se fait un peu chier.

Cette édition de dixième anniversaire est l’occasion d’une volée de superlatif: plus d’invités, plus de tables, un pôle littérature redimensionné à la hausse – au détriment du marché féérique, qui m’a paru plus petit, mais peut-être parce que plus éclaté.

Plus de public, aussi: dès le samedi matin, les dédicaces sont prises d’assaut et la circulation devient difficile dans les travées.

Du côté des jeux, c’est également l’émeute: une brochette de clubs de la région animent des tables de jeux de rôles et de jeux de plateau, les éditeurs sont également au rendez-vous, de même que beaucoup de petites structures associatives d’édition, voire des créateurs indépendants proposant leurs prototypes.

C’est aussi une de ces occasions où on retrouve les amis, les contacts, les collègues: auteurs de jeux, éditeurs, illustrateurs, contacts de blog ou de réseaux sociaux. Un grand raout social pour geeks (pas si) asociaux (que ça), autour de la Cuvée des Trolls et des différentes spécialités, alcoolisées ou non, que les protagonistes amènent de leurs horizons respectifs

Par rapport à l’autre grand rendez-vous ludique auquel j’ai assisté en ce début d’année, le FIJ de Cannes, c’est déjà moins chaud. Le temps est, disons, plus nordique et on se pèle un peu dans ce grand hangar qu’est Mons Expo. C’est aussi beaucoup plus pluridisciplinaire, avec les aspects littérature, illustration et musique. Il y a également le côté carnaval des déguisements.

Pour ma part, j’avais investi le stand Swiss Made JDR, l’association dont je fais partie et qui occupait un coin de l’espace ForgeSonges, avec mes deux collègues helvètes, Laurent et Lionel, qui faisaient de la retape en costume Belle-époque pour La Chaux-de-Fonds 1904, ainsi que Christophe « Tirodem » Gérard, auteur de Mississippi et de La Légende du Bretteur qui se battait pour un petit pois.

J’avoue: ma présence tenait un peu du tourisme. Avec la troisième édition de Tigres Volants en fin de gamme et les idées d’une quatrième qui commencent à peine à se coaguler dans mon esprit, je n’ai pas grand-chose à présenter, à part peut-être Erdorin – d’où également mon intérêt pour rencontrer des éditeurs.

Mais c’était également l’occasion de faire le point avec Ankama sur la suite de City Hall, le jeu d’aventures et de discuter avec les auteurs de divers éléments de l’univers à intégrer dans des prochaines créations. Entre autres. De ce point de vue, le week-end fut très productif.

Après, une pointe de regret au niveau du jeu: je n’ai pas pu, comme prévu initialement, faire une partie de Tigres Volants. La faute en partie à un emploi du temps autrement chargé, mais également à la difficulté d’ameuter des joueurs, faute de centralisation des parties. J’aurais certes pu squatter un des nombreux clubs présents, mais je n’y ai pensé que trop tard et je ne me sentais pas faire le MJ à la criée.

Cela ne m’a pas empêché d’échanger avec des joueurs, de discuter de la gamme et de son avenir – pas tout le monde est d’accord avec mes conclusions, ce qui n’est pas très étonnant – et aussi de croiser « loin du clavier » un certain nombre de personnes que je ne connaissais que par écran interposé.

Trolls & Légendes, c’est donc aussi un festival musical, déclinant le folk sous différentes formes: humoristique le vendredi, métal le samedi et plus traditionnel le dimanche. Il faut dire ce qui est: même si je ne suis pas un grand fan du genre, en général, c’est une musique qui bouge quand même beaucoup et qui permet pas mal de délires.

Témoins le trio de pas-sérieux qui ont ouvert le bal vendredi, à commencer par La Horde. Je vous en avais déjà parlé, ce groupe belge a un côté très pirate, d’abord dans les chansons, ainsi que pour un goût prononcé pour le détournement. Je connais assez peu de musiciens capables de mélanger folk, générique de dessins animés et disco. À ce stade, la reprise de Prodigy est presque banale.

Le joyeux quatuor a enchaîné un set de près d’une heure, avec une grosse participation du public – normal, pour les régionaux de l’étape – et moult invités sur scène, notamment leurs confrères en débilité du Naheulband. On y reviendra.

Parce qu’entre les deux se présentait Feuerschwanz, un groupe allemand qui n’engendre pas non plus la mélancolie, avec costumes absurdes – le chanteur-guitariste en armure médiévale – et pom-pom-girl démoniaque. On est dans un folk-rock plus classique, entre la chanson à boire et la ballade métal corrompue.

Le groupe n’hésite pas à faire monter des membres du public sur scène pour leur faire jouer les utilités, pour les prétextes les plus idiots, genre « toi tu chantes mal, tu vas donc faire du crowdsurfing ». On rigole beaucoup, on danse pas mal, ça bouge bien, même si le public est forcément moins réceptif aux blagues chantées en allemand.

Après vient le Naheulband. J’aurais bien envie de conclure cet paragraphe par « comme d’habitude » et laisser ça là, parce que ce fut l’émeute, comme d’habitude, les musiciens ont enchaîné les morceaux cultes, comme d’habitude, le public, qui les connaissait par cœur, les chantaient toutes, comme d’habitude, et… merde, le Naheulband, quoi!

On a quand même eu droit à quelques surprises, comme « Chicken Quest », le monumental « epic » façon métal symphonique, jouée en live pour la première fois (enfin, la deuxième, mais la première avait été foirée), et des anciens morceaux remontés des Âges Obscurs, pour le plus grand plaisir d’un public à jamais acquis. Ça et le poulet gonflable pour le Laridé du même métal.

Et les autres jours, ben… comme mentionné plus haut, c’est le deuxième regret du festival: je me suis trouvé trop crevé pour voir les autres groupes. Pourtant, il y avait du lourd, avec Eluveitie, Tanzwut et Corvus Corax, mais je me suis retrouvé avec le dilemme suivant: voir les concerts ou ne pas être un complet zombie le lendemain.

Je me lancerais bien dans le couplet habituel sur les ravages de l’âge, mais je crains de quelque peu user mes lecteurs. Disons que cela m’a aussi permis de me livrer à des activités plus sociales et moins bruyantes, comme de discuter avec des auteurs ou de dire du mal de gens qui ne sont pas là. Il paraît que c’est important, comme le fait de boire de la Cuvée des Trolls et de la Bush ambrée (12°!).

Je vous passe sur le retour, entre trains bondés, électricité en panne et wifi dans le train qui était dans l’autre train. Ce n’est pas très important. Ce qui est important, c’est que Trolls & Légendes, c’était bien.

Un bazillion de photos sont disponibles sur Flickr (OK, un bazillion = 116). Y’a du concert, du troll, des gens qui jouent et même des auteurs.

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