Yes: Fly From Here

Dans la blogosphère prog, l’arrivée de Fly From Here, le nouvel album de Yes (dix ans après le précédent), est comparable à l’annonce d’un huitième volume d’Harry Potter ou du rachat d’Apple par Microsoft (ou vice versa). D’une part, ça fait beaucoup de bruit et, d’autre part, ça donne lieu à un déchaînement de passions, surtout négatives.

Il faut dire que, dans le genre controversé, celui-ci est pas mal. Déjà, le chanteur historique et iconique, Jon Anderson, est remplacé par Benoît David, un p’tit jeune (il a juste un an de plus que moi); en plus, cet album signe le retour de Geoffrey Downes aux claviers et Trevor Horn à la production. Pour ceux qui ne connaissent pas les deux oiseaux, les Buggles, c’est eux – et Drama, album de Yes de 1980 honni par les fans, c’est eux aussi. En fait, du groupe “historique”, il ne reste que Steve Howe aux guitares.

Autant dire que cet album a déjà généré pas mal de hurlements et va sans doute continuer à brasser du fanboy pendant un moment. N’étant pas moi-même un fan absolu du groupe et, surtout, étant plutôt fan des Buggles, je ne vais pas ajouter ma voix au concert – ou alors, sur un mode de contrepoint discordant qui, quand on y pense, est assez prog. Ou pas.

D’abord, posons les choses: Benoît David n’est pas Jon Anderson. OK, c’est bon, tout le monde a compris, on peut passer à autre chose? Cela dit, moi, je l’ai trouvé très agréable à écouter et plutôt compétent dans son rôle de chanteur, malgré l’immensité de la tâche. Revenons à cet album.

Fly From Here n’est certes pas le meilleur album de Yes: de façon générale, il ne casse qu’un nombre très modéré de briques. À vrai dire, sur ma playlist, il a le malheur d’être juste après le dernier album de Wobbler, qui livre un rétro-progressif à la sauce Yes presque plus convainquant. Pour ma part, j’ai toujours tendance à préférer l’original à la copie et je préfère entendre un groupe établi s’essayer sur de nouveaux chemins.

Bon, on ne peut pas vraiment dire que Yes s’essaye réellement à des nouveautés, mais ce Fly From Here a ses – très – petites touches d’originalité. Le morceau-titre se compose de six tableaux pour un total de vingt-quatre minutes et est sans doute le plus représentatif du style Yes et comporte ses morceaux de bravoure comme “Madman at the Screens”. Parmi les autres morceaux, “Life On A Film Set” a un petit côté Drama/Buggles qui n’est ni étonnant, ni fait pour me déplaire.

Ce qui frappe réellement, c’est à quel point cet album semble calibré pour la radio: certes, il ne renie pas complètement son héritage progressif, mais il est très accessible – peut-être trop. Pour un peu, je dirais que c’est la patte de Trevor Horn, producteur (entre autres) de Seal et Frankie Goes To Hollywood.

Car le vrai défaut de Fly From Here est qu’il manque sans doute de personnalité. Ni bon, ni mauvais; plaisant, mais sans caractère – un peu fade, en quelque sorte. En même temps, après plus de quarante ans de service, je ne m’attendais pas à quelque chose de révolutionnaire non plus.

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6 réflexions au sujet de “Yes: Fly From Here”

  1. Objection votre Honneur !.. du groupe historique il reste aussi et surtout Squire, qui n’a jamais quitté le navire (contrairement à Howe, qui n’a pas participé à 90125). Encore un exemple de passion exacerbée déchainée par cet album… ;o)

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    • C’est du pinaillage, mais j’admets. N’étant pas un fan de base, je ne connais pas ma généalogie yessienne sur le bout des doigts.

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      • Je ne me considère pas comme un fan, d’ailleurs je déteste ce mot. Mais j’avoue que c’est bien du pinaillage, et comme tel c’est fade et dépourvu d’interêt. Comme les fans?

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  2. Moi j’avoues qu’en tant que vieux fan, j’étais perplexe quand j’ai appris que Yes sortait un nouvel album après dix ans sans rien de neuf quand même. Et je les attendais donc au tournant avec une brique et un fanal, mais quoique ce ne soit pas un Close to the edge ou un Relayer, force m’est d’admettre que cet album ne me déçoit aucunement, au contraire, je le place parmi les chef-d’oeuvres du groupe. Alors donc ça n’est pas un Close to the edge parce qu’il faut bien évoluer avec l’époque dans laquelle on vit, mais ça n’empêche pas cet album d’être une véritable oeuvre d’art signée Yes. Je viens d’ailleurs d’écouter la longue suite Fly from here au complet et je suis charmé par cette pièce, un vrai travail d’orfèvre ici. J’aime en particulier la très belle ” Sad night at the airfield “, la mélodie de cette chanson me rentre dedans au niveau émotif et c’est pour ça que j’aime tellement Yes… L’entrée à la guitare acoustique de Steve Howe est de toute beauté, sur un fond de claviers délicats, puis la belle voix de Benoit David – bravo Benoit ! -, puis c’est l’explosion avec les autres instruments avant le retour à la douceur avec la guitare et la voix. Et dans la même veine, il y a aussi la belle ” Life on a film set “, l’autre point fort de cet album. En fait, le seul point faible de ce disque, c’est la pièce de Squire, ” The man you always wanted me to be “, sans être mauvaise, elle aurait bien pu figurer sur un album du groupe Conspiracy avec le duo Squire-Sherwood. Bref, un album qui m’a étonné et que j’écoute avec beaucoup de plaisir aujourd’hui… Une petite chose que je voulais ajouter toutefois, avant de conclure, c’est à propos de la voix de Benoit David, est-ce moi ou si j’ai vraiment l’impression de réentendre Trevor Horn chanter ? Ou alors le chanteur québécois a un talent sans pareil pour mimer une voix… ou c’est parce que Horn justement est à la production et on sait qu’il a fais quelques voix sur le disque, alors est-ce que ceci explique celà ?

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  3. Il est vrai que quand on est sensible au Yes de “Fragile” à “Relayer” on a du mal avec celui-ci . Du coup je le trouve plutôt sirupeux et sans aucune consistance.

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    • Personnellement je suis sensible à un peu toutes les formes de Yes (encore que je n’ai pas écouté le nouveau), donc ça ne me dérange pas vraiment.

      Et bienvenue sur ce blog!

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