Au 24e siècle, un “mathusalem” – un membre de l’ultra-élite à la fortune incommensurable et quasi-immortel de fait – cherche à enquêter sur sa propre mort. Pour cela, il réincarne Takeshi Kovacs dans un nouveau corps et lui promet fortune et impunité. C’est ainsi que commence Altered Carbon, série adaptée du roman éponyme de Richard K. Morgan.
Alors oui, j’ai lu le roman en question – les trois tomes de la trilogie de Takeshi Kovacs, même, plus quelques autres comme Market Forces et Black Man – mais il y a pas mal de temps et je ne m’en souviens que peu. L’idée d’en faire une adaptation en série télé me paraissait casse-gueule et, par beaucoup de côtés, elle m’arrive pas à me convaincre.
D’une part, je la trouve trop longue: dix épisodes, c’est beaucoup. J’ai l’impression que les scénaristes ont fait du remplissage, en exagérant les intrigues secondaires et en insistant sur les flash-backs. Ça casse le rythme et, souvent, ça n’apporte pas grand-chose.
D’autre part, le personnage principal – Takeshi Kovacs, donc – n’est que moyennement convaincant. Son côté “ancien révolutionnaire désabusé réveillé deux siècles et demi après l’écrasement de sa cause” n’est pas vraiment bien rendu. De plus, le roman était écrit à la première personne et cette “voix intérieure” est à peu près inexistante.
C’est dommage, parce que l’histoire repose sur un contexte original, à mi-chemin entre le post-cyberpunk transhumaniste et le planet-opera. C’est un monde où la découverte de technologies extra-terrestres a permis à l’humanité de télécharger la conscience de personnes, de l’envoyer par ondes radios et de l’installer dans des corps, synthétiques ou clonés.
Le cœur de l’intrigue, c’est que cette technologie, si elle a permis le voyage interstellaire, a également facilité la mise en place des “mathusalems” – le un pour-cent du un pour-cent, ultrariches et immortels. Là encore, il y aurait eu matière à faire quelque chose de complexe, mais ça reste superficiel, souvent manichéen.
Alors tout n’est pas mauvais dans Altered Carbon. Visuellement, ça se laisse regarder; on ne s’y ennuie pas, ça déborde de trouvailles graphiques et scénaristiques et il y a quelques inventions réjouissantes – Poe, l’avatar de l’IA d’un hôtel, ou Leung, le tueur invisible. Mais disons que j’attendais plus. Enfin, mieux.
Je sors de cette série avec une impression mitigée. J’en attendais sans doute trop et il est possible que je me sois laissé moubourré par mon moi d’il y a quinze ans – même si mon moi d’aujourd’hui peine à se rappeler les détails du bouquin. Je pense néanmoins qu’elle est un chouïa décevante, en ce qu’elle touche à plein de sujets potentiellement intéressants sans oser aller vraiment à fond.
Néanmoins, les séries sur ce thème sont rares et Altered Carbon reste objectivement intéressante à regarder. Évitez juste de trop écouter votre vous d’il y a quinze ans.
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