Ce fut le concert furtif de l’année: à moins que je ne me trompe, personne à Genève n’avait entendu parler de la venue du groupe suisse de métal symphonique Lunatica, dont j’avais déjà mentionné ici l’excellent album New Shores.
Il faut dire que, pour commencer, leur venue se faisait dans le cadre du Kameleon Festival à Meyrin, qui lui-même n’avait pas exactement bénéficié d’un wagon de promotion. Pour être très exact, j’en avais appris l’existence en début de semaine.
Qui plus est, l’endroit était un terrain coincé entre une école et un gros chantier; pas exactement le genre de plan qui inspire une confiance illimitée. À vrai dire, en y allant, nous – à savoir Isa, son frère et moi-même – plaisantions sur le fait qu’on allait être vingt en tous pour le concert. Il y a des fois où je déteste avoir raison.
Comme nous sommes arrivés avec une bonne dose d’avance, nous avons pu voir la quasi-intégralité de la prestation de MotherKingdom, groupe genevois qui propose un rock alternatif avec des accents post-rock.
Prestation fort convaincante d’une heure pour le quatuor, devant un public hélas clairsemé, encore que s’étoffant vers la fin; ils auraient peut-être dû commencer par envoyer des t-shirts gratuits dans la foule, ça aurait fait venir tout de suite plus de monde.
En achetant leur deux derniers albums, une discussion avec les musiciens nous apprend qu’ils rentrent d’une tournée au Japon. Décidément, après Djizoes, le rock genevois s’exporte bien en Asie!
Après avoir mangé un morceau et bu de la non-bière suisse (les organisateurs auraient pu faire un effort et éviter de nous servir un machin de la marque qui rime avec “merdinal”), nous sommes allé faire un tour sous la tente, là où se trouvait la grande scène, pour y voir quelques morceaux d’Aloan, un groupe qui donne – selon ses propres termes – dans un mélange entre rock’n’roll fifties et électro. Pas vraiment mon style préféré, mais leur prestation scénique est plutôt convaincante. Et puis ça permet d’attendre le début du set de Lunatica.
Autant dire que, question condition, ce n’était pas l’idéal. Entre une sono qui m’a rappelé des souvenirs de Collombey il y a tout juste un an (en moins pourri), un public excité, certes, mais surtout pas là et une compétition de la part de l’autre concert – celui d’Aloan – toujours en cours (pas le même public, certes, mais quand même), on a connu de meilleurs auspices. Heureusement qu’il n’a pas plu; ce n’était pas gagné d’avance.
Mais l’adversité forge le metalhead aussi sûrement qu’un prédicat nietzschéen du genre “ce qui ne me tue pas me fait très mal”. Et, malgré tout, Lunatica reste fort dans la tempête.
Emmenée par leur chanteuse, les six musiciens nous ont offert un peu plus d’une heure d’un métal symphonique qui n’a pas grand-chose à envier aux ténors du genre. Avec la sono façon bircher qui aurait trop trempé, on aurait pu craindre le pire, mais la puissance épique de Lunatica fait fi de tels impondérables!
Je crois que le plus impressionnant dans cette histoire, c’est le plaisir visible qu’avaient les musiciens à jouer pour la poignée de graisseux que nous étions. Dans ce genre de cas, c’est le genre d’enthousiasme qui est facilement contagieux et, entre deux rafales de photos, je souriais comme un bienheureux tout en secouant ma capillarité en régression.
Je suis un peu sourd, j’ai la gorge qui gratte, les mains en feux et, demain, j’aurais des courbatures dans la nuque, mais si c’est le prix à payer pour une heure de métal de haut vol, c’est donné!
Bref, vivement qu’on puisse les revoir dans des conditions dignes de ce nom!
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