Bon, ce mercredi, c’était sans doute pour moi le dernier concert de l’année, alors autant faire les choses en grand, en lourd, en metal! Du coup, c’est double dose de metal méditerranéen, avec les Grecs de Rotting Christ et les Portugais de Moonspell, auxquels se sont joints les Jurassiens de Silver Dust.
OK, le Jura, c’est moyennement méditerranéen, mais on s’en fout.
Tout ce petit monde, avec quelques centaines de spectateurs, s’est donc retrouvé à L’Usine de Genève. Comme on est en semaine, la salle a eu la bonne idée de programmer l’ouverture des portes à 19 h, ce qui garantit une fin de spectacle dans des délais raisonnables pour attraper un dernier bus.
Mais on n’est pas encore là: il est 19 h 30 et les lumières s’éteignent dans le même temps qu’un impressionnant cadre commence à diffuser une série d’images: Silver Dust lance sa machine onirique à base d’histoires de fantômes.
Il faut avouer que, visuellement, ça pète bien dans le style gothique grand-guignolesques. On a donc des musiciens qui arborent des costumes d’inspiration victorienne. Une femme vêtue de noir, puis de blanc, qui vient voleter sur la scène. Le chanteur harangue la foule – dans la foule, d’ailleurs. Le guitariste fait du ultimate crabcore, façon grand écart. Tout le monde surjoue avec enthousiasme et les images du tableau/écran viennent ponctuer les compositions.
Ceci posé, je ne suis pas très fan de la musique. Le goth-metal de Silver Dust m’apparaît un peu brouillon, avec une tendance à partir dans tous les sens. Cela dit, il faut laisser ça au groupe: ils ont de l’énergie à revendre et, pour ce qui est de chauffer la salle, ils s’y entendent.
Le temps d’un changement-express – quinze minutes chrono – et Rotting Christ arrive sur une scène particulièrement épurée. Il faut dire que le groupe grec ne fait pas vraiment dans la fioriture. Leur metal dit « extrême », inspiré du pagan-black, a beau être épique, c’est le côté épique de la charge de cavaliers dans la steppe.
Rotting Christ, c’est un peu des barbares. Ce qui, pour des Grecs, est un comble, mais passons (c’est une blague qui ne fera rire que des hellénistes). J’entends par là que leur musique s’appuie beaucoup sur des rythmiques et des thématiques païennes.
Barbares ou pas, le groupe fait forte impression. Leur metal est brutal, agressif, mais toujours lisible et le groupe emporte l’adhésion du public pendant la petite heure de concert. Je suis un peu étonné de les entendre surtout jouer des anciens morceaux; je n’ai reconnu que deux pistes de leur dernier album, The Heretics.
C’est enfin au tour de Moonspell. Si j’étais taquin, je dirais que la formation portugaise se situe entre la démesure gothique de Silver Dust et le dépouillement ascétique de Rotting Christ. La scène se voit parée de deux immenses croix en (fausse) pierre et d’un décor tubulaire pour les claviers – le même que lors de la tournée Extinct, si je ne m’abuse. Fernando Ribeiro, le chanteur, plaisante même sur le thème « une croix inversée est toujours une croix ».
(Mais bon, il triche: il a un crucifix guidé par laser.)
(Non, je ne déconne pas.)
Visuellement, c’est clair: le thème de ce concert d’une heure et quart, c’est le dernier album, 1755, qui parle du tremblement de terre qui a rasé Lisbonne à cette époque; les musiciens arrivent d’ailleurs avec des costumes de scène d’inspiration XVIIIe siècle.
Musicalement, c’est un peu moins clair. Certes, le groupe va jouer une bonne part de morceaux de cet album, mais aussi beaucoup de compositions plus anciennes, pour le plus grand plaisir du public. Moi moins, vu que je ne les connais pas.
Ce n’est pas très grave, parce que sur scène, Moonspell assure le spectacle. Fernando s’adresse au public en français, en anglais et en portugais et, surtout, emmène son groupe avec un plaisir évident. L’Usine, qui est presque comble, répond avec enthousiasme, jusqu’à « Full Moon Madness » qui conclut le set.
Le son et les lights étaient au top et ça fait plaisir de voir un concert de metal aussi bien rempli. Il faut dire que l’affiche était somptueuse, mais j’ai déjà vu des groupes de carrure internationale – Orphaned Land, Night Flight Orchestra ou Cellar Darling, pour ne citer que les plus récents – peiner à remplir une salle beaucoup plus petite.
Et, bonus pour vieux, j’ai pu être à la maison juste avant minuit. Bon, j’ai chindé: je suis rentré avec le beau-frère et sa dame, qui habitent dans le même village que nous.
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