« The Fated Sky », de Mary Robinette Kowal

Où étiez-vous quand le premier homme a posé le pied sur Mars? Allez, je vous aide: c’était en 1963. Vous ne me croyez pas? C’est pourtant dans The Fated Sky, deuxième tome de la série Lady Astronaut, de Mary Robinette Kowal.

Oui, je sais, j’ai déjà usé de cette figure de style dans ma chronique du précédent tome, The Calculating Stars. On va dire que c’est un hommage: elle est souvent répétée tout au long de l’ouvrage. Quoi de plus normal, quand on parle de l’histoire avec un grand U – comme uchronie, bien sûr.

Rapide résumé de la situation historique: en 1952, une météorite frappe la baie de Cheasapeake, rasant Washington DC et ses larges environs. Mais, surtout, cet impact provoque des bouleversements climatique qui, à terme, risquent de rendre la planète inhabitable.

Dans un grand élan collectif, l’humanité se lance dans un projet fou: coloniser l’espace le plus rapidement possible, histoire de donner une chance à l’humanité. Le docteur Elma York, « calculatrice », devient la première femme astronaute.

Dans ce deuxième volume, on comprend assez vite que, dix ans plus tard, le grand élan est quelque peu retombé. Les problèmes climatiques s’accumulent et les nations, paradoxalement, sont de plus en plus réticentes à financer le programme spatiale. Beaucoup de voix s’élèvent pour privilégier la situation sur Terre.

Pour ne rien arranger, si la science a fait un bond spectaculaire, avec une station orbitale et une base permanente sur la Lune, les mentalités sont encore très conservatrices.

Ainsi, si la présence de femmes à bord des capsules spatiales commence à être raisonnablement bien perçu, les personnes « de couleur » – pour utiliser le terme le moins insultant de l’époque – sont mal vues. Surtout quand le FBI commence à faire le lien entre des mouvements contestataires violents et les organisations pour les droits civiques des minorités.

Au milieu de tout cela, Elma York, surnommée Lady Astronaut, qui voit son rêve d’aller dans l’espace subordonné à un rôle de mascotte publicitaires. Et qui doit gérer, en plus de cela, son foyer, ses problèmes d’anxiété et un sens de la justice sociale qui va lui jouer des tours.

The Fated Sky, c’est principalement l’histoire de la mission vers Mars: deux capsules, avec chacune sept astronautes à bord, plus un vaisseau cargo automatique, qui partent pour un voyage de trois ans. Un voyage qui ne se terminera sans casse.

Mais c’est aussi, et surtout, le portrait d’une époque. Les années 1960, certes, mais aussi la nôtre. Difficile, surtout eu égard à l’actualité la plus récente de cet été 2021, de ne pas voir des parallèles entre cette uchronie et notre propre ligne temporelle.

À travers les yeux d’Elma, le lecteur perçoit toute l’injustice de rapports sociaux basés sur la domination d’une population masculine et blanche (ajoutons également « hétérosexuelle » et « cisgenre », même si ces deux dernière s problématiques sont peu évoqués).

Et aussi du danger des bonnes intentions, Elma se retrouvant souvent dans la position du « sauveur blanc », ce qui n’est pas une bonne idée.

Quelque part, l’aventure spatiale prend le pas sur l’aventure humaine, mais ce n’est pas très étonnant: un an et demi – l’histoire ne couvre que l’aller – de huis clos pour quatorze personnes, ça crée des liens. Et des tensions. Surtout des tensions.

Reste que The Fated Sky se lit très vite, pour un roman de plus de quatre cents pages. Il y a des défauts, mais franchement, j’ai avalé ce bouquin a une telle vitesse que je ne m’y suis pas vraiment arrêté. Du coup, je le recommande avec enthousiaste, avant de m’attaquer au troisième tome, The Relentless Moon.

D’autres avis, plus contrastés, sur L’Épaule d’Orion, De livres en livres et Apophis, entre autres.

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