Le post-black-metal est un genre musical des extrêmes. J'entends par là qu'il peut aussi bien être ultra-mélodique et planant que brutal. Asira, formation britannique, illustre à merveille cette tendance "Jekyll et Hyde" avec leur premier album Efference, découvert grâce à Angry Metal Guy.

Au reste, le "black" du genre est assez mal représenté par ce groupe qui, au vu de ses photos promotionnelles, semble avoir un goût prononcé pour le rose. Musicalement, c'est un peu différent: Asira semble avoir pris comme exemple Alcest, mais en mélangeant les deux aspects de sa carrière: passages atmosphériques et mélodiques et grosse guitares entrecoupés de hurlements et de chœurs éthérés.

Et quand je dis "rose"… (image promotionnelle du groupe)

Efference est un album de taille conséquente, avec cinquante-deux minutes et huit pistes qui, elles aussi, font le grand écart, entre deux et dix minutes. La plupart des morceaux sont quand même dans le long format, souvent au-delà des six minutes.

Cet album me fait penser à un tigre domestique: le genre de machin de trois quintaux, avec un gros nœud rose-bonbon et un comportement de chaton, mais qui a tendance à déchiqueter des carcasses de bœuf pour s'amuser (ici je pense à celui d'Inithil dans Erdorin, fragments d'éternité). Il y a le côté gracieux et mignon, en plus d'une certaine élégance, mais c'est aussi une machine à tuer qui vous le rappelle fréquemment.

Dès le départ, avec le très calme instrumental "Sanguine", qui se poursuit avec le fort varié "Crucible of Light", le ton est donné. Je pourrais également citer le morceau-titre ou presque tout l'album qui, si je puis dire, est très cohérent dans son incohérence.

Efference, c'est les montagnes russes émotionnelles et musicales: un coup de ponceuse, un coup de plume. Et, curieusement, ça fonctionne plutôt bien. Il y a même plus de plume que de ponceuse, cette dernière servant de contrepoint très efficace – genre, au moment où tu penses que tu vas pouvoir te reposer un peu.

Le mélange est très bizarre – ça me rappelle un peu, dans l'esprit, le "black Oldfield" de Saor – mais je le trouve plutôt prenant et réussi. Il faut dire que, pour un premier album, Asira fait montre d'une maturité et d'une technicalité certaine.

Je vous recommande donc chaudement l'écoute de cet album, Efference, disponible sur Bandcamp pour £6 en numérique. Il ne faut pas avoir peur des chaud-froids ou des contrastes un peu brutaux, mais c'est plutôt sympa.

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