Blake et Mortimer: La Vallée des Immortels, tome 2

Dans ma chronique du premier tome de La Vallée des Immortels, nouvel opus de la série Blake et Mortimer, j’avais posé qu’il s’agissait surtout d’une mise en place. Ce deuxième tome, Le Millième bras du Mékong, confirme cette impression.

Dans un sens, c’est une bonne chose: enfin de l’action! De l’autre, il y a dans cette bande dessinée assez de péripéties pour trois tomes plus classiques. C’est un peu exagéré.

On a, dans le désordre, Mortimer enlevé par un Seigneur de la Guerre qui se se prétend descendant du premier empereur de Chine; un chef de triade qui kidnappe à son tour Mortimer pour trouver une vallée légendaire (et éponyme) et y voler les émeraudes qui s’y trouvent; Blake et Miss Ylang Ti, agent chinoise nationaliste, qui partent à sa recherche; Olrik qui, pendant ce temps, projette de voler l’arme secrète construite par Mortimer pour protéger Hongkong de l’avance des Communistes; sans parler de Nasir, qui se consume de fièvre dans les geôles du seigneur de guerre sus-mentionné, ou de toute la partie qui raconte la légende du premier empereur.

Ouf.

Franchement, c’est un peu le bordel, avec un découpage qui saute du coq à l’âne, une trame qui joue sur les registres de l’aventure et du fantastique, et un découpage qui empile régulièrement dix cases et plus sur une seule planche. C’est très étouffe-lecteur.

Je n’arrive pourtant pas à détester cette Vallée des Immortels. Il est plus raté que mauvais et probablement plus maladroit, globalement, que raté.

Son gros défaut, c’est ce « péché originel », ce premier tome qui ne décolle pas et qui oblige la scénario, signé Yves Sente, à passer la surmultipliée sur les soixante-quatre pages de ce deuxième tome (et encore, il y a bien deux ou trois pages de récapitulations et de résumés du tome précédent).

Il y a quelques trouvailles bien vues, comme le fait qu’Olrik est présent tout au long de l’histoire comme antagoniste, mais les personnages ne s’en aperçoivent jamais. Le replacement de l’intrigue dans un contexte historique « réaliste » est plutôt bien fait. J’ai aussi beaucoup aimé le clin d’œil à Odilon Verjus (et peut-être aussi à Miss Ylang-Ylang?).

Et, honnêtement, Teun Berserik et Peter Van Dongen aux crayons font plus que ressusciter les personnages d’Edgar P. Jacobs. Les décors, notamment, sont superbes.

Maintenant, La Vallée des Immortels n’est pas, à mon avis, un Blake et Mortimer majeur. Il est très correct, par rapport à d’autres tomes récents, mais je pense que Le Dernier Pharaon lui est en tous points supérieur – peut-être parce qu’il sort du classicisme de la série.

Ça reste une lecture sympathique et une mine d’inspirations pour des scénarios en Asie dans les années 1940-1950 (avec une belle dose de merveilleux-scientifique); pas beaucoup plus, mais pas beaucoup moins non plus.

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